Another brick in the wall
J'ai lu les romans de Sartre, feuilleté son théâtre et étudié sa philosophie. S'il est un piètre philosophe (il l'a reconnu lui même à la fin de sa vie, prouvant qu'il n'était pas si bête), c'est un excellent écrivain.
Il fait preuve d'une finesse délicieuse pour narrer les comportements humains, et est sûrement l'auteur des névrosés. Sous sa plume les angoisses sont belles, prennent corps et se font personnages, plus que des êtres en souffrance, ce sont des souffrances personnifiées, idéalisées au sens platonique du terme.
Dans ces nouvelles on rencontre, la conscience de sa propre mortalité, la folie, l'amour, la frigidité, le sadisme, la lutte des classes, l'incompréhension adolescente... Certains maux individuels, certains collectifs, quelques uns modernes et la plupart millénaires.
Bien sûr dans chaque récit un mur, métaphorique ou non qui met en échec les différents protagonistes de ces histoires.
On ne s'attache pas aux différents personnages, mais leurs histoires nous émeuvent, chacune faisant appel à une partie de notre passé, de notre caractère. Pas de tentative de théorisation ici, même si on sent quelques relents politiques ça et là, tout à fait négligeables.
A mon sens le meilleur ouvrage de l'auteur, le moins prétentieux et le plus accessible. Même si il manque toujours en Sartre une chaleur, qui transforme sa plume en bistouri, disséquant ses personnages et peuplant ainsi ses livres de fantômes, on ne peut qu'admirer son travail d'analyse de la souffrance avec des mots (maux?) toujours justes.