Défi relevé
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Aujourd'hui, le roman policier classique se meurt. Les affligeants thrillers à faux suspens se mêlent aux romans policiers suédois insupportables et reposent sur les mêmes ressorts : une histoire plus ou moins racoleuse, faisant appel aux intuitions d'un policier et à des rebondissements souvent apparus ex machina. Le romantisme s'est substitué au rationnel pur des premiers romans policiers du début du XIXème siècle. Je ne peux pas rester insensible aux références de Gaston Leroux qui s'inspirent directement de la nouvelle d'Edgar Allan Poe Double Assassinat dans la Rue Morgue, qu'il n'hésite d'ailleurs pas à divulgâcher sans état d'âme et à Conan Doyle. On saura d'ailleurs que la merveilleuse Agatha Christie, la dernière représentante de ce roman policier rationnel, verra dans ces romans ses sources d'inspiration. Gaston Leroux imite évidemment un peu ses prédécesseurs en créant un problème ni plus ni moins que de logique pure : une chambre fermée de l'intérieur, une tentative d'assassinat inexplicable, un assassin qui disparaît tel un magicien, des personnages stéréotypés, des horaires et des armes de crime. Le roman paraît être le prototype même de ce roman à clef amusant, et assurément, il l'est. Il est même sans doute franchement l'un des plus rationnels qui puisse exister !
Bien souvent, le mystère de la chambre jaune est lu au collège (voire en primaire) et c'est bien dommage. Malgré une certaine méfiance, le livre m'a pris très rapidement et j'étais très vite absolument passionné par l'histoire, tentais d'en prévoir les raisonnements, parfois avec succès, parfois un peu moins et me suis retrouvé tel l'enfant que j'étais, dévorant les livres d'Agatha Christie, à attendre avec hâte le dénouement de toute l'énigme. Utilisant la méthode très classique du fusil de Tchekhov, c'est-à-dire en exploitant absolument tout ce qui a été évoqué dans le récit dans la résolution progressive d'un vaste puzzle, ce qui est frappant est sans doute cette exaltation de la raison et de la logique. Le protagoniste du roman, le jeune Rouletabille, utilise des méthodes non pas fondées sur l'intuition mais bien uniquement sur la raison, avec des processus de déduction extrêmement conséquentialistes et parfaitement logiques, parfois même caricaturalement. Car il y a en effet des choses enfantines dans le récit : une sorte de mise en scène un peu protubérante du héros, une forme de système un peu parfait (mais qui est le pendant du rationalisme) et évidemment quelques faiblesses et incohérences cherchant légèrement à faire rentrer Paris en bouteille puis un style un peu simpliste. Qu'importe, on ne boude pas son plaisir avec le jeune Rouletabille qui suit désespérément le parfum de la dame en noir!
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Créée
le 21 sept. 2020
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