Faisons franc jeu dès le début.
Pourtant encensé par le Masque et la Plume, Le Nageur de Pierre Assouline n'est pas un bon livre.
Il est de ces biographies qui reposent uniquement sur l'histoire narrée et documentée. De ces pages Wikipédia publiée chez Gallimard.
Il est évident que l'histoire d'Alfred Nakache (21 fois Champion de France de Natation, Juif de Constantine, déporté avec sa femme et sa fille fin 1943) rassemble tout: l'ascension, les exploits sportifs, l'historique, le fatal, la résistance, la collaboration, la trahison, l'obsession, l'innommable, l'espoir et la grandeur.
Difficile de manquer ses lecteurs avec un tel cocktail.
C'est pourtant ce que réussit Pierre Assouline.
Fort d'une documentation, il est vrai, très poussée et qui porte l'ouvrage sur le dos d'Artem, le livre glisse malheureusement sur le sujet du style, et les pages sont détrempées de phrase qui pourraient faire office de proverbe, de citations, mais pas de narration.
Encombré par de tant de surplus de démonstration manquée d'une grandeur pas égalable, avancer à travers ce court récit m'a semblé être mon épreuve olympique à moi, le livre suivant ma récompense après l'effort.
Ce livre n'enlève rien à l'extraordinaire d'Alfred Nakache, à l'impossible de son parcours formé des bassins de sueur, de bonté et de gloire et des cuves de l'horreur et de l'inhumain.
En version papier, il est certainement la meilleure référence en français pour découvrir moins brutalement que sur Internet le destin incroyable du Nageur à travers la France des années 1940.
Ne vous attendez cependant pas à une oeuvre littéraire.