Totalement invraisemblable, cette histoire est ponctuée de rebondissements cocasses et incongrus
Ivan Yakovlevitch, barbier et ivrogne broussailleux, peu précautionneux et d'allure douteuse, prend son petit déjeuner. Il découvre dans les petits pains cuits par sa femme, un nez qu'il reconnait comme étant celui de Kovaliov, assesseur du collège. Sa femme refuse qu'il le conserve chez lui et, craintif, il tente de s'en débarrasser en le jetant dans un trou de berne. Il se dirige vers le pont Isaac mais il est pris sur le fait.
L'assesseur du collège découvre quant à lui qu'il a perdu son nez et s'en plaint au maître de police. Il croise un homme en uniforme avec bicorne et galon de conseiller d'Etat et reconnait son propre nez ! Mais il le perd dans la foule et envisage de recourir à la presse et de publier une annonce descriptive. Ses démarches sont infructueuses comme celles qu'il entreprend chez le commissaire du quartier. Il est persuadé que Mme Podtotchine est responsable de sa mésaventure. Elle veut qu'il épouse sa fille et lui, ne veut pas d'engagement définitif. Son nez est finalement retrouvé. Il lui est remis enveloppé dans un papier mais il ne peut le remettre en place. Le médecin qu'il consulte lui recommande de le conserver dans un bocal et de le vendre. Désemparé, il écrit à Mme Podtotchine mais sa réponse lui fait abandonner ses accusations. Finalement, le nez se retrouve subitement à son ancienne place ce qui le réjouit et le motive à se montrer partout, à la promenade comme au théâtre.
L'absurde, l'insensé, le grotesque, sont omniprésents, qu'il s'agisse du sujet, de la description des scènes, ou du langage désopilant des personnages . Le nez qui parfois tient dans un mouchoir de poche, laisse la place à un vide énorme sur le visage de son propriétaire Il disparaît, réapparaît et tantôt porte les attributs du commandement supérieur, un bicorne à plumes blanche, un uniforme brodé d'or, un pantalon de chamois, une épée au côté. Le nez est isolé dans sa singularité, isolé du reste du visage. Les phrases sont courtes, exclamatives. Les descriptions des expressions du visage, des attitudes sont fréquentes et visuelles. Les comportements du barbier sont grossiers : il fourre ses doigts dans le pain, se frotte les yeux ; il est confus, limité. Les personnages sont piteux, misérables, la critique sociale évidente, entre alcoolisme, pauvreté, apparences, corruption, pouvoir et hiérarchie écrasants de l'administration.