Le Nez de Cléopâtre est un recueil de nouvelles publié en 1990 par Robert Silverberg, et traduit par Hélène Collon. L'ouvrage est centré sur le thème de l'Uchronie, réécrire l'histoire, les histoires alternatives, et les "et si".
Mon avis global est plutôt bon. De l'auteur dont j'ai volé une part de gâteau au chocolat aux Utopiales quand j'étais petit, je reconnais toutes les qualités d'écrivain qui m'ont charmé dans Gilgamesh (ne regardez pas Fate, regardez un vrai Gilgamesh, et lisez ce roman) ou dans Roma AEterna, deux ouvrages majeures de sa bibliographie gargantuesques.
Une petite déception pour la nouvelles "Basileus", qui ne relève aucunement de l'uchronie, et qui est plutôt une histoire de science fiction assez classique.
Ce qui est intéressant dans l'ensemble, c'est que chaque nouvelles reflète une version différente de ce qu'est l'uchronie. Chaque nouvelles à sa façon de faire, et nous montre la richesse du genre. Mais pour cela, je vais devoir légèrement spoiler, donc, la suite se passera dans six spoilers, un par nouvelles.
Pour ce qui ne veulent pas risquer un spoil, la critique s'arrête ici, et donc, sachez que je suis sur une bonne note... A bientôt !
La première nouvelle, "Légendes de la Forêt Veniane" est en quelque sorte un "brouillon" de ce que deviendra plus tard Roma AEterna. La forme d'uchronie présentée est celle qui va aborder l'évolution d'un monde, comment celui-ci a changé par la présence d'un élément qui n'est pas pareil à notre réalité. on pourrait dire en quelques sortes que c'est la forme la plus classique du genre.
La seconde, "Le traité de Düsseldorf", aborde plutôt les uchronies et l'importance de leur point de divergence : En montrant cet alien tentant de modifier la réalité historique, on voit sans cesse la confrontation entre notre monde, et le monde altéré.
La troisième, "Tombouctou à l'heure des Lions" est sans doute la plus connue de l'ouvrage. Elle aborde elle une façon d'uchronie assez classique également, qui consiste à ne pas tant déblatérer sur le pourquoi du comment de cette réalité historique, et cherche juste à nous raconter une histoire. Remplacez tout les états présentés, par des états fictifs, et vous auriez une nouvelles de fantasy historique à la Game of Thrones. En mieux.
Le Sommeil et l'Oubli est aussi très intéressant. Lui, il va carrément créer l'uchronie, avec un chercheur qui va justement voyager et voir des dimensions alternatives. Le tout est fascinant, car en présentant ce Gengis Khan chrétien, le voyageur découvre une Uchronie. Mais en révélant la nature de conquérant de son Gengis Khan, à notre héros Byzantin, il crée lui-même une Uchronie dans une uchronie.
Enfin la dernière nouvelles, "Entre un soldat, puis un autre", montre un grand poncif adoré des Uchronologues, c'est à dire faire rencontrer des personnalités historiques, et les faire interragir. Quel délice de lire Socrate et Pizarro discuter ensemble, tant le fossé les séparant est à la fois énorme et étroit !