Les années trente furent une période faste pour Agatha Christie et vit une explosion de sa créativité avec la sortie de bon nombre de ses romans qui sont encore aujourd'hui considérés comme faisant partie de ses classiques, tels que: La Maison du péril, Le crime de l'Orient-Express, A.B.C contre Poirot, Cartes sur table, Mort sur le Nil, et qui culminera avec Dix Petits Nègres.
Au milieu de ce déchainement de créativité débridée enchainant les intrigues les plus astucieuses, le Noël d'Hercule Poirot peut éventuellement faire figure de roman qu'on considèrera comme un peu plus mineur, Christie y faisant un peu de recyclage tant l'idée derrière le mystère qui nous est proposé ici fait immédiatement penser à certains de ses efforts précédents (que je ne dévoilerai pas afin de ne pas mettre la puce à l'oreille aux détectives amateurs qui voudraient éventuellement s'y coller).
Comme d'habitude, tout cela reste assez malin et bien mis en place pour ne pas lasser.
Pourtant le roman se trouve être assez réussi sur d'autres points que sa seule intrigue; particulièrement à travers l'étude de caractère que Christie y mène sur les différents membres de cette famille dysfonctionnelle.
La dissection froide et méticuleuse des relations familiales dans le milieu de la grande bourgeoisie de l'époque assortie de la corruption morale que semble engendrer en permanence l'argent chez Christie rendent le récit assez intéressant à suivre au delà de son intrigue bien ficelée, d'autant que cette déliquescence morale est mise en contraste avec les valeurs de partage inhérentes à la fête de Noël.
Le Noël d'Hercule Poirot s'insère donc bien parmi la multitude de romans réussis écrits dans cette période faste par Dame Agatha. Et s'il fait figure d'œuvre au retentissement moins important, c'est uniquement du fait d'être entouré d'autant de réussites flagrantes du genre sur cette décennie, ainsi qu'à cause d'un crime qui a des airs de léger déjà-vu.