Ayant été un de ses étudiants je n'ai jamais voulu lire ses livres, par une sorte de respect de sa vie privée.
Après quelques années, je m'y suis décidé. J'ai commencé par ce roman, et je n'ai pas été déçu.
Forest, dans une écriture humble, sans grandiloquence malgré sa forte connaissance de la littérature, nous plonge dans une partie sombre de sa vie où une lumière éclot. On assiste à un duel épique entre Eros et Thanatos, l'un cherchant à engloutir l'autre.
Outre un style brillant, Forest livre un témoignage précieux du deuil d'un enfant (sujet trop peu traité à mon goût), à travers des réflexions éclairées sur sa propre situation, entre désir de mort et plongeon dans la luxure.
Dommage que Philippe Forest ne soit pas encore reconnu par le grand public. Malgré un genre florissant de nos jours (l'autofiction), il reste dans l'ombre des auteurs médiatisés et dont la qualité est bien moindre.
J'aime à penser qu'il finira un jour par avoir le succès qu'il mérite, même cela doit prendre des décennies. Il est un écrivain de notre temps, que j'aime moins rapprocher de Christine Angot que d'Annie Ernaux.