Avec cette huitième enquête du commissaire aux affaires extraordinaires, Jean-François Parot nous invite sur des sentes familières. En effet, Le noyé du Grand Canal s'engage sur les brisées de l'opus précédent à plusieurs points de vue.
L'entame du récit tout d'abord : il installe le quotidien du commissaire, pas si classique que cela au demeurant. Un voyage en sa Bretagne natale lui laissera de belles esquilles sur tout le corps. Cette première partie s'avère un peu longue, avant que ne surgissent les premiers ennuis. Chargé d'une nouvelle enquête qui en voit une seconde se développer en parallèle, "monsieur le semeur de cadavres", comme dirait Sartine, rencontre bien des difficultés à dévider la pelote d'indices qui se font jour parcimonieusement. L'intérêt du lecteur, à l'instar de l'ouvrage précédent, croît lentement mais sûrement. Quelques recettes égaillent ça et là les pages de cette enquête laborieuse qui voit le commissaire parfois à court de pistes. Le limier sait néanmoins se ressaisir et part sur de nouvelles voies que certains indices tombés fort bien à propos lui indiquent de suivre. En ce sens, la trame narrative sent le déjà vu.
Nonobstant, la plume de l'auteur ainsi que la truculence de certains échanges entre ses personnages ne lassent d'amuser le lecteur amateur de cette belle langue, ardue mais si savoureuse. Je ne m'éloigne d'ailleurs jamais bien loin du volumineux dictionnaire qui accompagne le voyage en cette fin de XVIIIème.
Irritant parfois les puissants, suscitant l'ire de malandrins avides d'en découdre, le marquis de Ranreuil fait feu de tout bois et dénoue la sinistre situation où les homicides abondent. Nul ne peut échapper à ses rets savamment installés. Quoique naviguant en des eaux familières, le lecteur assidu devrait donc raisonnablement trouver son comptant de plaisir dans cette nouvelle enquête.