Kipling a habitué ses lecteurs aux parfums exotiques mais ici les épices de l'Inde laissent place aux capiteuses senteurs florales d'un jardin d'Orient.


A travers ce conte tout en finesse qui évoque avec délectation le palais du roi Salomon, fils de David, ce sont les charmes voluptueux du harem royal, peuplé de ses mille épouses, qui agissent sur l'imagination comme un parfum entêtant. Hélas pour le Roi, nul bonheur n'est parfait, et ses nombreuses femmes oisives lui tapent sur les nerfs plus qu'elles n'enchantent ses sens... Réfugié dans son jardin, il rencontre un papillon mâle guère plus heureux que lui et pour à peu près les mêmes raisons. L'infiniment puissant et l'infiniment fragile vont s'allier... le temps d'une bonne leçon.


C'est un pur hasard si j'écris cet avis de lecture le jour censé rendre un hommage universel aux femmes à travers le monde vilaine grimace et grincements de dents, j'aime qu'on rende hommage aux femmes chaque jour mais cette spirituelle histoire du "Papillon qui frappait du pied" rend autant justice à la sagacité des hommes qu'à celles des femmes. Alors que Kipling nous décrit les femmes du harem royal avec la dose élémentaire de misogynie de son temps, c'est finalement à la belle Reine de Saba, la plus aimée de Salomon, que revient la meilleure ruse... afin de ramener la paix au sein dudit harem.


Bien que Salomon use d'un grand pouvoir pour se faire le complice du papillon dont le malheur est d'être dominé par sa femelle à s'en arracher les antennes, c'est un fait que sa puissance lui vient de ses pouvoirs magiques et de ses djinns bien plus que de son jugement - pourtant si réputé ; à l'inverse, sa reine use, quant à elle, de son intelligence et agit inspirée par l'amour et la compassion, incarnant avec naturel la majesté et la grandeur.


Au-delà des interprétations qu'il suggère, j'ai beaucoup aimé ce conte tout simplement parce qu'il respire l'humour et la poésie et s'inscrit dans un décor des Mille et Une Nuits propice au rêve et à l'exaltation. Un petit plaisir à ne pas bouder et qui donne des ailes... de papillon.

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le 8 mars 2017

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Gwen21

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