Rouge Brésil, bien mieux que ce vert polar
Rufin est un homme élégant. Il sait manier la plume, agencer les mots dans un ordre clair et bien cadencé. Ses phrases glissent dans notre esprit comme sur patinoire, et lire du Rufin, c'est avoir l'assurance d'aller au bout de l'oeuvre.
Défenseur malgré lui d'un certain classicisme de la langue, et diplomate dans la vie réelle, on sent qu'il ne va jamais bousculer son lecteur, ni le saisir violemment par la peau des couilles, non, il lui prend gentiment la main, lui passe un peu de talc avec tact, pour l'entraîner patiemment au fil de l'histoire qu'il nous raconte.
Voilà, on finit le"parfum d'Adam" aussi calmement qu'on l'avait commencé, sans soubresauts ni sueurs, et qu'est-ce qu'il en reste une fois le livre fermé ? RIEN. Problème : La magie n'opère pas comme dans son fabuleux "Rouge Brésil".
Malgré tout son talent, et les briques narratives soigneusement posées au fil des chapitres, on ne "croit' pas à cette histoire. Et je doute que Rufin y ait cru lui-même...
L'erreur de Rufin est de ne pas avoir su adapter son style trop classique au genre vaguement "polar vert" de l'histoire.
Un bouquin, c'est le fond ET la forme. Et si Rufin entend perpétuer la tradition de la littérature classique, alors qu'il se cantonne aux romans "historiques" plus adaptés à sa plume, où là, il sait transporter son lecteur comme peu d'autres savent le faire...