La folie est l'unique voie de délivrance.
Le proverbe le dit, un petit dessin vaut souvent mieux qu'un long discours, ce à quoi j'ajouterai personnellement qu'une oeuvre exceptionnelle parlera d'elle-même bien mieux que tout critique aussi talentueux soit-il pourra le faire. Je prends donc le parti, osé peut-être, de recopier ici un extrait de ce petit chef-d'oeuvre philosophique autant que tragique, superbe allégorie de ce qui pourrait être bien plus qu'une anxiogène anticipation, qui exprimera toute la profondeur de ce bijou littéraire :
"Personne ne peut dissimuler son ahurissement teinté de malaise lorsqu'il achève la visite du ParK et que, enfin délivré de la présence collante des gardes, il tente de faire le bilan de cette journée. De quoi s'agit-il exactement ? Est-ce un musée dédié aux différentes formes du parcage humain et animal à travers les âges ? Un laboratoire à ciel ouvert où s'expérimentent, à la vue de tous, les futures pratiques du contrôle social ? Un délire de mauvais goût d'un milliardaire psychopathe qui,à coups de dépenses somptuaires et de publicité mondiale, a poussé sa folie à un degré de sophistication extrême et dangereux ? Une nouvelle étape, habile et terrible, dans l'industrie du divertissement de masse ? Les avis sont partagés. Pourtant les faits sont là, les données clairement exposées, seules les interprétations divergent et manquent à coup sûr les intentions profondes. En un sens, tous les qualificatifs suivants peuvent à bon droit s'appliquer au ParK : étonnant, horrible, révoltant, merveilleux, capitaliste, totalitaire, impie, bouleversant, cyclopéen, ignoble, américain, utopiste, délirant, mystique, écoeurant, éloquent, hypermoderne, inquiétant, impressionnant, vulgaire, nihiliste, stupide, magique, prophétique, extraordinaire, abject, actuel.
Mais quels que soient l'idée que l'on se fait de ce lieu, le jugement favorable ou défavorable que l'on émet à son égard, l'impression agréable ou désagréable que provoque aussitôt son évocation, demeure éternellement vrai ce simple état de choses : il existe, et est tel qu'il se présente. Ni plus, ni moins. Il est cependant vain d'escompter que les éclats effervescents de cette architecture imaginaire suggèrent autre chose que de terribles révélations chuchotées à une oreille inquiète par la voix caverneuse d'un être malfaisant.
Une fois entreprise, nul ne peut se soustraire à l'épreuve du ParK, et à ses effets perturbateurs sur le long terme. Et tandis que nous essayons de reprendre notre esprit et de le convaincre du caractère somme toute puéril de ces faux cauchemars orchestrés par la main d'un Entertainer facétieux, les souvenirs hideux de lectures horrifiques nous reviennent en mémoire et accréditent, sans la moindre hésitation, les premières impressions infâmes.
Décidément, l'expérience du Park ne nous laissera jamais en paix."
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