Le Parti pris des choses par Kliban
J'ai franchement détesté Ponge lors de sa lecture en classes prépa. Qui était ce prétentieux prétendant au dépoussiérage de ce qui est, alors qu'il ajoutait sur tout ce qu'il touchait la vase compacte de sa subjectivité ?
En prenant de la subtilité - on est trop sérieux quand on a 17 ans - et en le lisant à des amis, j'ai trouvé tout autre chose. Dépoussiérer et donner voie/x à la présence des choses ce n'est pas les faire apparaître dans le regard froid des quasars. C'est leur donner un apparaître qui nous échappe, qui se manifeste en deça de l'utilité que nous en avons, tout en restant dans la sphère de nos images communes - mais avec forces déplacement et une vigueur ironique jusque là inouïe. Bref, je me suis mis à aimer Ponge.
On parcourra plaisamment ce recueil plein de crevettes, de galets, de bords de mer et de morceaux de viande. Style sec et précis, d'un philosophe français des années 20, parfois, dirait-on. Ponge décrit, lumineux et rigolard. Et c'est, tout simplement, délicieux.