Huy, en Belgique, au XIIe siècle. D’abord orfèvre promis à un bel avenir, le jeune Nivard de Chassepierre est contraint de fuir le pays après avoir tué l’homme qui avait déshonoré sa mère. C’est alors qu’il rencontre Rosal de Sainte-Croix, qui le convainc de se joindre à ses compagnons pour une expédition périlleuse, à la recherche du savoir nécessaire à la construction de cathédrales d’un nouveau style, tournées vers le ciel et reflétant sa lumière. C’est pour le jeune homme le début d’un parcours initiatique, d’abord dans les villes d’Europe, puis à Constantinople et à Jérusalem où il découvrira les secrets les mieux gardés des maîtres verriers orientaux. Devenu l’Adepte, il rentrera en Occident accomplir son grand œuvre et réalisera les vitraux des plus grandes cathédrales.
J’ai aimé l’image peu convenue que l’auteur donne de l’époque, dépeignant sans complaisance la barbarie des Croisades, dénonçant les abus et les compromissions d’une Eglise rigide, sans compassion, avide de pouvoir. Nivard est un héros hors norme, un être violent, taciturne et révolté, tourmenté par le doute, dévasté par les drames personnels. Sa recherche de l’harmonie lumineuse parfaite se double d’une quête spirituelle : son élan vers la lumière est pour lui une manière d’atteindre le divin par le chemin de la matière.
Dans ce premier roman, Bernard Tirtiaux, lui-même maître verrier, rend un vibrant hommage à ce métier qu’il connaît si bien, à ces artisans de l’idéal, sublimes et anonymes, à ces alchimistes des couleurs qui cherchaient à rassembler les notes lumineuses de la musique céleste, seuls sur leur barque de verre, en équilibre entre deux mondes.
18 mai 2019 : une petite mise en lumière de ce vibrant hommage aux artisans bâtisseurs de cathédrales et d’idéaux, plus que jamais d’actualité.