C’est toujours plaisant de découvrir un écrivain sur des productions périphériques et ce court mini-récit d’HG Wells est remarquable.Le Pays des Aveugles, c’est la rencontre improbable entre un guide colombien voyant et une peuplade sud-américaine des montagnes non voyante. HG Wells décrit simplement le choc de deux mondes où les perceptions, les croyances et les niveaux de compréhension sont aux antipodes. Nùnez , en considérant sa vue comme un avantage sur les aveugles des montagnes , ne peut non plus s’intégrer à une communauté dont le fonctionnement est bien huilé et n’accueille pas l’étranger qu’il est dans sa singularité de voir. Les habitants des montagnes n’arrivant pas non plus à connaître Nùnez car l’idée même de vision leur est inconcevable, et que son langage leur est inintelligible ( Le guide apprenant aux aveugles qu’il vient de la ville de Bogota, ceux-ci pensent que c’est son nom par exemple).Ce conte implacable sur la perception prouve simplement que des êtres humains cantonnés à leur vision de l’autre, leurs affects et leur façon d’envisager la vie, n’ont aucune chance de se rencontrer et de se comprendre. HG Wells, en créant des sensations dissonantes où des personnages se percutent sans s’appréhender , fait comprendre que la réalité cloisonnée l’emporte toujours sur la compréhension sage et tolérante de l’autre. Terrible constat désabusé ô combien lucide sur les rapports humains limités et limitant. Bravo, monsieur Wells!