Longtemps réfractaire à l’idée de lire Balzac, j’ai aujourd’hui eu l’occasion de braver mes réticences avec le Père Goriot. Quel ne fut pas mon bonheur à la découverte d’un tel chef-d’oeuvre !
Tout y est : l’amour, le pouvoir, la conquête, les moeurs, l’anachronique lutte des classes, la passion, le ridicule, le pathétique et le tragique. Dans le Père Goriot, Balzac dresse le portrait le plus sincère et juste de la médiocrité humaine. Tous mauvais sous de vertueuses apparences. Promptes à juger sans douter. Ce que Balzac délivre dans ce portrait des Hommes, ce n’est pas une conception figée et désincarnée de la nature humaine, mais sa mise en scène la plus vivante et éclatante, un portrait vivant des coeurs réels. Une vision quasiment janséniste de la médiocrité propre à notre espèce, qui se déroule à chaque instant sous nos yeux.
Le récit est cruel et son ironie mordante n’a pas de cesse de nous rendre pathétiques les vertueux et scandaleux les arrivistes. Chaque personnage est idiot, vil ou imbécile et seul Vautrin échappe encore à cette sentence grâce à son impitoyable cynisme.
Tout est merveilleusement pensé, des dialogues à la description des personnages et des lieux. D’un trait certain et juste, Honoré de Balzac dresse précisément les décors et les caractères, souligne la puissance de son propre récit et va chercher à puiser dans tout le registre des contradictions et des sentiments humains.
Face à ce tableau, le lecteur est happé en plein de les méandres de l’inexorable marche du monde, celle où les hommes se succèdent, choisissant tour à tour l’obéissance, la lutte ou la révolte.
Peu familier à l’oeuvre de Balzac, je ne peux cependant que recommander le Père Goriot pour tout lecteur souhaitant le découvrir.
La lecture de cet ouvrage procure une jouissance due à l’impitoyable plume de son auteur.