Enfance joyeuse
Je p’tit JoeyStarr a grandi en banlieue, au milieu des immeubles avec des bandes de copains. Il raconte sa vie avec son père, la famille à Paris et aux Antilles, le foot, l’ennui, les coins de rue...
Par
le 30 janv. 2022
Non mais regardez-moi cette gueule d'ange. Ces petites joues qu'on a envie de pincer.
Ce livre essaie de synthétiser les souvenirs d'enfance de Didier Morville alias Joeystarr jusqu'à son envoi en pension (en fin d 'année scolaire, ils se sont introduits dans le lycée et ont tout fracassé).
Le livre est principalement centré sur la relation de Didier avec son père - la grande absente étant sa mère pour une raison que l'on ne connaîtra jamais vraiment. Un père antillais, viril, grande gueule, ni très patient ni très pédagogue, qui interdit au petit garçon l'accès aux disques et à la télévision, qui l'habille n'importe comment (parfois comme une copie dégradée de lui-même). Un modèle cependant, qui écrase le petit Didier. Qui laisse aussi son fils seul dans l'appartement.
C'est un livre sur le monde de la banlieue vu à travers les yeux d'un esprit qui est encore en cours de formation. Il y a le premier appartement, dans une vieille bâtisse au milieu des quais, dont Didier ne voit surtout que ce qu'il observe par la fenêtre. Puis vient l'emménagement en logement social à Saint-Denis. Didier voit avec émerveillement les grands ensembles sortir de terre. C'est propre, c'est lumineux, de nouveaux bâtiments semblent sortir de terre chaque semaine.
Il y a beaucoup de notations sur la vie des jeunes, qui trouvent ce qu'ils peuvent pour se "désennuyer". La fauche au supermarché ; les bécanes ; les arrêts dans divers spots à retarder le moment de rentrer chez soi ; la colle de rustine à sniffer ; les week-ends dans la famille antillaise, avec le papa qui fait le DJ. Ce père d'un ami qui lui offre un équipement de foot, que Didier cache à son père pour ménager sa fierté. Ses angoisses par rapport à ses vêtements qui craignent.
Autant dire que les souvenirs d'école ne pèsent pas beaucoup dans l'ouvrage, sauf quand il est question de monter le spectacle de fin d'année. A noter que le livre ne se veut en aucune manière l'histoire de la genèse de sa vocation musicale. C'est vraiment centré sur son petit monde d'enfant.
J'avoue avoir été assez sensible à la prose de Joeystarr, car il y a à la fois un vocabulaire simple, mais pas vulgaire, dans lequel se loge parfois, au détour d'une phrase, un maniérisme assez charmant. L'auteur joue avec la langue française, et peu importe quelle part de ses souvenirs est vraie, c'est prenant, bien écrit et cela a un air de sincérité (et c'est tout ce que l'on demande). Je n'arrive pas à rertrouver d'exemple précis, mais il y a de vraies trouvailles, qui auraient de quoi intéresser des pros de français.
Un recueil de souvenirs de la banlieue des années 1980 vue par un petit garçon avec au hasard des phrases de jolies trouvailles. Une jolie surprise, merci à Jean-Pierre pour le cadeau.
Créée
le 22 févr. 2025
Modifiée
le 2 mars 2025
Critique lue 3 fois
D'autres avis sur Le Petit Didier
Je p’tit JoeyStarr a grandi en banlieue, au milieu des immeubles avec des bandes de copains. Il raconte sa vie avec son père, la famille à Paris et aux Antilles, le foot, l’ennui, les coins de rue...
Par
le 30 janv. 2022
Torché en une journée, le petit Didier est un récit sur la jeunesse de JoeyStarr jusqu'à ses 15 ans. Déçu, pas assez d'anecdotes, je m'attendais à des détails sur sa jeunesse plus croustillants, je...
Par
le 8 janv. 2022
Du même critique
C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...
Par
le 6 sept. 2013
59 j'aime
10
Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...
Par
le 24 nov. 2013
43 j'aime
6
"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...
Par
le 4 mai 2014
42 j'aime
60