"Les Citations du Président Mao Tsé-Toung", plus connu sous le nom de "¨Petit livre rouge" en France, est, comme son nom l'indique, un recueil de citations de Mao Tsé-Toung, prises dans différents discours publics, et devenu emblématique du communisme chinois. Cet ouvrage constitue à mon sens :
1) D'abord, un outil au service de Mao : c'est très certainement l'objectif prioritaire assigné par son auteur, raison pour laquelle il ne contient quasiment que ses propres citations (et donc presque aucune de Marx, Engels, voire Lénine et Staline), tout en étant orné, dans certaines éditions, d'un portrait le représentant à l'image d'un saint chrétien. L'ensemble est constituée de phrases résolues et dénuées de doute, vantant fréquemment l'exercice démocratique, mais qui restent en général suffisamment abstraites pour pouvoir être interprétées de plusieurs façons (Ex : "une direction juste doit se fonder sur le principe suivant : partir des masses pour retourner aux masses").
2) Ensuite, un outil de propagande communiste : il en reprend évidemment la couleur rouge (sur la couverture comme dans le texte lui-même), le phrasé (Ex : "de la dictature démocratique populaire", "la dictature du prolétariat"), la hiérarchie (le Parti étant systématiquement placé au-dessus du reste de la société, raison pour laquelle le tout premier chapitre lui est d'ailleurs consacré) et les conceptions (Ex : promotion de l'autocritique publique, volonté de corriger ceux qui sont supposément dans l'erreur, comparaison des dissidents politiques avec des "microbes et des parasites" qu'il faut purger, perception de la culture et de l'art comme "une petite roue et une petite vis du mécanisme général de la révolution"). Rappelons néanmoins qu'il s'agit ici d'une certaine forme de communisme, celui-ci constituant une doctrine générale susceptible d'avoir différentes applications.
3) Enfin, quoique de façon accessoire, un outil de réflexion : si l'ouvrage est globalement constitué de paroles creuses, certains passages revêtent quelque intérêt, lesquels s'ajoutent à la valeur historique du document. Tel est le cas d'un chapitre entier consacré à la place des femmes (bien que situé à la fin du livre), et surtout des parties liées à la lutte armée, insistant sur la nécessité d'avoir un ennemi (Ex : "l'absence d'attaques de l'ennemi est une mauvaise chose") et la façon de le combattre (Ex : "attaquer les forces ennemies dispersées et isolées", "éviter les batailles d'usure", "ne pas engager de combat sans préparation").
L'ensemble dessine donc un pur ouvrage de propagande personnelle, peu intéressant sur le fond, mais mémorable par la dose d'autopromotion qu'il contient et par la radicalité qu'il propose. Incidemment, et quelles qu'en soient par ailleurs les raisons, il s'agit d'un des livres les plus lus au monde, ce qui est bien dommage.