Ange est élevé par son oncle depuis le décès de sa mère. Un oncle pêcheur de harengs et une vie tranquille dans une cabane en bois au bord d’une falaise. Mais un jour le tonton ne rentre pas de la pêche. Ange le cherche, il retrouve sur le sable sa casquette bleu marine et des morceaux de son bateau. Quelques temps plus tard, alors qu’il regarde l’océan avec une longue-vue, le jeune garçon aperçoit une forme échouée sur la plage. Pensant que c’est la dépouille de son oncle, il se précipite et s’arrête, essoufflé, devant le corps d’une sirène : « Sa queue couverte de fines écailles était écorchée par endroits et laissait apparaître une chair rose semblable à celle des saumons. Accrochées à ses cheveux, de minuscules étoiles de mer parsemaient, ça et là, sa longue chevelure. » Cette sirène prénommée Swidja, il va la ramener à la cabane pour la soigner. Cette sirène, il va en tomber fou amoureux. Elle va lui faire découvrir son royaume et lui ouvrir un infini champ de possibles...

Mais la guerre éclate. Les hommes sont enrôlés de force. Sur le front, Ange est grièvement blessé. Il se réveille avec « la gueule d’un monstre. La gueule à faire peur. La gueule cassée. » Retournant sur la falaise de son enfance après sa sortie de l’hôpital, il trouve la cabane en ruine et accepte un poste de gardien de phare. 45° de latitude nord, 35° de longitude est. Le phare des sirènes. Depuis, il attend le retour de Swidja : « Un jour, je sais qu’elle me reviendra et qu’elle m’emmènera dans son palais de corail blanc. J’éteindrai alors la lumière crue du phare et nous nous en irons loin, bien loin sous la couverture des vagues. »

Bon on ne va pas y aller par quatre chemins : je suis raide dingue du Phare des sirènes. Depuis sa sortie, ce titre ne m’a jamais quitté. Comme un gosse, je l’ai relu des dizaines de fois et je suis toujours bouleversé par cette histoire. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu’on y parle d’amour, de mort et de solitude. Parce qu’on y découvre la folie des hommes. Parce que c’est beau, triste et douloureux. Parce que ça ressemble à une vie. Parce que l’écriture de Rascal, très littéraire, fait de ce texte un petit bijou. Parce que les illustrations pleine page de Régis Lejonc sont autant de tableaux dans lesquels on plonge avec délice. Parce que cet ouvrage très grand format prouve si besoin en était encore que les albums ne sont pas uniquement destinés aux enfants et que certains d’entre eux s’adressent à un public beaucoup plus mature.

Une merveille comme on en rencontre peu dans une vie de lecteur.
jerome60
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le 28 mai 2013

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