Ce livre nous permet de poser un regard différent sur notre société actuelle, et de mettre en exergue toutes les manières dont nous sommes manipulés et conditionnés par celle-ci. Une mise en évidence d'à quel point l'Homme peut être néfaste pour l'Homme. A quel point la matérialité nous aveugle, la société et ses normes nous oppressent, et nous empêchent d'être pleinement nous-mêmes, de garder cette connexion avec ce qui nous entoure. A force d'individualisme, de critiques, de fierté, de comparaisons, de normes imposées, de valorisations et dévalorisations selon certains critères fixés arbitrairement, d'étiquetages négatifs ou positifs.... et j'en passe... l'Être humain perd finalement de vue l'essentiel. On a oublié d'arrêter de juger ou de se sentir menacés par la beauté, l'intelligence ou le talent d'autrui. On a oublié d'apprendre à accepter les gens pour ce qu'ils sont, et à nous-mêmes, nous accepter pour ce que nous sommes, sans forcément entrer dans ce processus malsain de comparaison avec les autres.
Mais c'est notre société qui veut ça... Si on veut être intégrés et survivre, on doit se conformer à ce système. Ce qui est à la fois complètement inévitable et complètement stupide.
Si les personnages agissent avec une certaine finesse pour manipuler les populations indiennes, les démonstrations, elles, l'étaient beaucoup moins, ce qui ne les prive néanmoins pas de leur efficacité pour frapper la conscience du lecteur.
Deux extraits qui m'ont particulièrement plu :
"Tant que les Indiens resteront dans cet état, ils seront
intouchables. (...) Ils sont pleinement eux-mêmes... Ils sont centrés,
conscients, dans l'Être... Ce que je veux dire, c'est qu'ils vivent
chaque instant intensément, sans rien attendre, sans penser à ce
qu'ils feront dans cinq minutes, dans une heure, ou la semaine
prochaine. Quand ils regardent une fleur, ils regardent une fleur.
Quand ils écoutent quelqu'un, ils écoutent quelqu'un. Quand ils
mangent un ananas, ils mangent un ananas... Ils en savourent chaque
bouchée en silence, en étant pleinement conscients de leurs
sensations. Ils vivent profondément chaque instant. Quand ils sont en
présence d'un autre, ils n'attendent pas d'être admirés ou respectés
ou je ne sais quoi encore. Ils sont toujours sincères. Ils ne jugent
pas les autres et donc ne craignent pas d'être eux-mêmes jugés. Ils
sont... libres."
~~*
"La difficulté avec ces sauvages, c'est qu'ils voient du positif
partout. Il y a du soleil ? Ils sont contents. De la pluie ? Ils sont
contents. Des herbes poussent dans leur champ de manioc ? Ils sont
contents... Il faut les amener à voir négativement des choses neutres.
(...) On va les habituer à étiqueter négativement ces choses, et ils
finiront par les voir ainsi. Les mots guident le ressenti. (...) Ils
doivent apprendre à appeler la pluie 'mauvais temps', les jeunes
pousses des 'mauvaises herbes', certaines senteurs des 'mauvaises
odeurs', etc. Ça va conditionner leur perception. Bientôt, leur monde
ne sera plus aussi beau."
En bref, je le recommande ! Laurent Gounelle m'a convaincu avec cet ouvrage de me tenter à ses deux premiers livres.