Au début des années 1980, la Fantasy était un genre bien implantée dans la littérature, mais dont la réputation n'était pas des plus positives, avant de reconnaître un renouveau dans la décennie grâce aux auteurs comme Robert Jordan, Robin Hobb, Andrej Sapkowski et Georges RR Martin, parmi tant d'autres. En contextualisant la situation, en fait, la fantasy post-Tolkien connaît surtout un gain de popularité grâce aux Jeux de Rôle Papier. Vient alors David Eddings, sans omettre son épouse Leigh Eddings, qui se lance dans sa propre saga de High-Fantasy, en fan de Tolkien qu'il est.
Cyniquement, je dirais que dès la lecture des premières pages, son statut de "Fan de Tolkien" est indubitable. Le pion blanc des présages, premier tome de ce qui sera une décalogie divisée en deux cycles, nous plonge dans un univers médiéval-fantastique avec ses peuples, ses royaumes, ses créatures et ses dieux créateurs. Le prologue nous introduit l'histoire d'une manière classique et nous donne bien le ton. D'emblée, le style d'écriture s'apparente à celui de Tolkien, ou du moins, je dénote une forte ressemblance avec ses écrits. Mais ce n'est pas un reproche, puisque le style est clairement maîtrisé, quoique parfois répétitif, inégal et parsemé de quelques coquilles qui sont à imputer à la traduction française. Il y a du bon vocabulaire ainsi que des descriptions succinctement détaillées. En fait, je blâme surtout des dialogues parfois saugrenus et d'une taille inégale sans raison apparente.
Concernant le background, il est minutieusement travaillé. Chaque royaume dispose de ses coutumes, lois et cultures qui les différencient les uns des autres alors qu'ils se multiplient sous nos yeux ébahis dès le début de l'histoire. J'étais un peu perdu au début, mais l'univers se dévoile progressivement et toutes les informations nécessaires sont savamment distillées au sein du récit.
Cependant, l'introduction de background s'oppose à une histoire trop classique. Etant donné le contexte, l'aspect linéaire du scénario est compréhensible. Mais d'un autre côté, après avoir lu des romans du même genre plus élaborés, je n'ai pas vraiment accroché. Pour le moment, tout m'a semblé manichéen et souvent convenu. Le héros vit dans une campagne paisible sous la tutelle d'une tante soucieuse et d'amis allègres. Puis vient un élément perturbateur qui l'oblige à quitter sa "Comté" afin de vivre d'incroyables aventures. Par la suite, les personnages voyagent par groupe d'une ville A à une ville B en vivant des péripéties peu intéressantes jusqu'à rencontrer des rois et des reines. Voilà, tout cela paraît un peu mince, et il faut dire que c'est vite fini. Contrairement au premier tome de l'Assassin Royal, de La Roue du Temps et du Trône de Fer, il ne se suffit pas à lui-même et nécessite les autres tomes de la saga pour être pleinement apprécié.
Concernant les personnages, autant avouer directement que Garion m'a laissé de marbre. Il s'agit d'un héros de fantasy extrêmement banal et pour l'instant sans grand intérêt. En revanche, les autres protagonistes se révèlent bien plus intéressants, comme Polgara, Belgarath ou Barak, et il me tarde de les voir en action.
En tant que tel, ce premier tome de La Belgariade n'est pas un mauvais roman. Il est même assez bon si je le replace dans son contexte, mais comme susmentionné, de meilleurs romans ont été écrits avant et après. Il parvient néanmoins à se distinguer car il a permis à de nombreux adeptes de découvrir un genre foisonnant de possibilités, et ça, ce n'est pas anodin, je ne dois pas le connaître. Dommage que j'ai été moins réceptif.