Jacqueline Demornex fait des études de lettres à Lyon, puis décide de s'installer à Paris. Ses parents insistent pour qu'elle continue ses études, elle se rend à la Sorbonne et tente sa chance pour entreprendre un diplôme de littérature comparée. Elle admire énormément André Pieyre de Mandiargues et veut absolument travailler sur lui, mais il s'agit de trouver un auteur à qui le comparer, elle vient de découvrir Borges, son sujet sera donc : "André Pieyre de Mandiargues et Jorge Luis Borges, deux formes de fantastique moderne". Elle trouve rapidement un emploi comme rédactrice dans le journal, Elle, son favori. Elle fait la rencontre d'un libraire et poète surréaliste, plus âgé qu'elle, de qui elle va devenir la maîtresse. C'est lui qui va lui présenter Mandiargues, elle aime à dire qu'elle s'est laissée dominer par son sujet. Elle se présente à lui coiffée d'une perruque, honteuse de ses boucles naturelles, et ne sait pas comment lui avouer l'imposture. En lui laissant quelques textes, elle oublie sans faire exprès des photos d'identité dans l'enveloppe, geste qu'elle attribue à Nadja son double presque schizophrénique. Nadja, d'André Breton, autre Surréaliste qui va régir sa vie. Très vite une relation passionnelle va unir les deux nouveaux amants, cet amour va engendrer vingt-cinq ans de correspondance érotique ou tendre, inquiète ou moqueuse, qui traite tant de la cuisine comme du cinéma dont Jacqueline, devenue une femme mûre nous dévoile quelques extraits dans ce livre.

Après la mort de son ancien amant, J.D, plus touchée qu'elle ne l'aurait cru, tombe en dépression, quelques années plus tard, le seul moyen de guérir pour elle est d'effectuer une catharsis par la littérature. Elle nous narre ses amours, sa vie, et au final c'est plus une autobiographie qu'un hommage à de Mandiargues. Elle se nomme elle-même "fille à poètes", "groupie", et à toujours vécu dans l'ombre d'artistes, se nourrissant de leur art comme un vampire. Elle a toujours rêvé d'écrire et la mort de son grand amour lui offre enfin son rêve, mais soyons réalistes, Demornex n'est pas un écrivain, elle reste un journaliste, et je ne doute pas de son talent pour écrire dans Elle. Les meilleurs passages de son livre sont les citations des lettres du poète. Je croyais pouvoir tout lire, depuis le Festin nu, mais il y a un passage de son livre qui m'a écœurée aux larmes, et j'ai dû faire un vrai travail sur moi même pour poursuivre ma lecture. Toutefois je pense que son histoire d'amour fera rêver toute femme dotée d'un côté un peu fleur bleue, qui n'a pas eu envie d'échanger des lettres enflammées avec son cher et tendre? Surtout quand elles sont écrites avec tant de talent! A l'ère d'internet, des SMS, et de l'instantané je crois que nous pouvons creuser la tombe de nos mièvres espérances... Pour conclure, en lisant ce livre j'ai eu l'impression de manger des poignées de neige, froides et insipides. Cependant je dois remercier Jacqueline (et Valériane qui m'avait vanté ses mérites) pour m'avoir fait découvrir de Mandiargues, qui m'a déjà séduite à travers elle.
Diothyme
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le 7 juil. 2011

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