"L'Homme en Noir fuyait à travers le désert et le pistolero le suivait"
Ainsi commence, dans cette introduction légendaire qui nous présente à la fois l'antagoniste, le protagoniste, l'objectif, et le milieu, l'épopée au goût de sang et de larmes de Roland de Gilead, dernier pistolero, chevalier errant du Far West, est à la poursuite de l'Homme en Noir, son ennemi juré et artisan de la chute de son pays de Gilead, fondé par Arthur l'Ainé, premier des pistoleros...
Et cela dure depuis près de dix ans, voire plusieurs décennies, sur un seul et même gigantesque désert, car l'espace et le temps ne sont plus ce qu'ils étaient, depuis que le Roi Cramoisi (qui tout comme Sauron, est représenté sous la forme d'un oeil écarlate), maître de l'Homme en Noir et seigneur absolu du mal et du chaos, assiège la Tour Sombre, siège de tous les univers (dans lesquels se déroulent toutes les histoires du King de l'horreur), qui sont rassemblés en six rayons, chacun possédant à chacune de ses extrémités un animal gardien (comme la tortue Maturin ou l'ours Shardik), entraînant ainsi une lente mais sûre détérioration des univers, dont la chute de Gilead n'est que l'un des nombreux symptômes.
Car l'Homme en Noir n'est que l'une des étapes qui jalonneront le parcours long et torturé de Roland le Pistolero, sa véritable destination étant la Tour Sombre, qui siège au beau milieu d'un immense champ de roses. Dirigé par le Ka, l'un des nombreux noms désignant un destin implacable, il sera appelé à parcourir les univers, peuplés aussi bien de dragons que de robots, guerroyer au milieu de villes post-apocalyptiques, explorer les ruines des Grands Anciens (référence évidente à Lovecraft), parsemées de machines dangereuses et terrifiantes, restes de leur technologie extremêmement avancée, lutter dans des batailles homériques contre les armées de John Farson, l'homme de bien, et bien d'autres choses encore...
Pour au final arriver au champ de roses entourant la Tour Sombre, après une quête d'un millier d'années, avec l'aide des compagnons qu'il aura rencontré au fil de ses pérégrinations en allant dans notre univers, comme Jake, enfant doté du shining, ou Eddie le junkie.
Mais ils doivent faire vite, car s'ils ne sauvent pas la Tour et ne vainquent pas le Roi Cramoisi à temps, l'univers s'effondrera, et alors les abominations cosmiques, dont le clown tueur de Ca en est l'un des représentants (encore une référence à Lovecraft) qui guettent depuis le vide d'Entre les dimensions s'abattront sur les mondes.
Le cycle, dont Stephen King affirme qu'il est "la Jupiter du système solaire de son univers" et qui a vu son écriture commencée sur les bancs de l'université et continuer pendant près de 30 ans, est au carrefour de plusieurs influences, parmi lesquelles ont peut compter Le Seigneur des Anneaux, Les Sept Samourais, Le Bon, la Brute et le Truand, ou encore Le chevalier Roland s'en vint à la Tour Sombre, poème narratif de Robert Browning. Ses tomes jonglent entre les influences, allant de l'épopée post-apocalyptique, au roman d'amour, en passant par le conte, de l'épopée Western à la ségrégation raciale dans les USA du XXème siècle, car tout comme Kenshiro, Stephen a souvent eu à coeur de toucher du doigt les points vitaux...euh, sensibles de l'histoire américaine.
Dans les derniers tomes, l'oeuvre tourne également au métafictionnel, je vais juste vous dire que c'est en rapport avec le grave accident de voiture de Stephen King en 1999, et son désir de finir la Tour Sombre avant de mourir.
Une saga folle, noire, passionnée, qui m'a fait aimer la Fantasy en fin de Première, à l'instar d'Elric ou de Gagner la Guerre, en un temps où j'étais un peu plus jeune
Note du premier tome : 8.
Note du cycle, composé de huit tomes : 9.
PS : Je recommande aussi Jon Shannow, de David Gemmell (l'auteur de Légende), qui a été très inspiré par la Tour Sombre.