Si j'avais un seul roman à conseiller à mes amis Français pour découvrir (l'excellente) littérature québécoise, ce serait sans conteste celui-ci.
Premier roman du montréalais Stéphane Larue, ce livre se dévore de façon très fluide, même pour quelqu'un qui jazzerais pas québécois, et on comprend facilement qu'il soit en lice pour une quantité respectable de prix littéraires chez nos cousins de Nouvelle-France.
La narration est incroyablement mature pour un premier jet, le style percutant et efficace, les personnages attachants au possible. C'est d'ailleurs le gros morceau du livre : les portraits tous hauts en couleurs de l'équipe du restaurant.
Le narrateur, un adulescent pas manchot, rongé par une addiction au jeu et cumulant les mensonges auprès de ses amis suscite en quelques pages une sympathie aveugle, d'autant plus que la narration est opérée avec le recul de ce même personnage, mature et posé, auto-analysant dans cette période chaotique de sa vie. D'un autre côté on a la team du restaurant, bêtes acharnées de travail en cuisine, fêtards noctambules, trempant dans les magouilles de façon plus ou moins affichée, avec tous des personnalités marquées et qui nous donnent le gout d'en savoir plus sur eux.
J'ai surtout aimé le soin dont l'auteur fait preuve pour nous faire pénétrer dans son univers, pour nous le faire ressentir : lors des rushs en cuisine le récit nous emporte et on fait corps avec le personnage, on sent la pression et le stress des cook, l'odeur d'huile et la chaleur du four à pain, la synergie des différents métiers qui œuvrent dans l'ombre du restaurant.
Un incontournable.