Un univers post-apo de sable et de misère, un héros tellement bad-ass que même en bicyclette il a le staïle, une narration aux petits oignons et une OST démentielle... c'est tout ça Lisa.
Je rédige ça en speed tant que le jeu est soldé sur steam: si votre petit coeur de punk balance , n'hésitez plus. Le jeu vaut le coup, point. Et s'il n'est plus en solde, il vaut encore le coup, comptez une grosse douzaine d'heures de jeu.
Juré craché, s'il ne fallait en garder qu'un dans la tonne de jeux a la sauce rétro qu'on nous balance à la gueule ces derniers temps ce serait celui-là, sans hésitation aucune. Lisa est unique.
Je vais tout de suite expédier la mécanique de jeu, tout à fait classique - RPG tour par tour et bien rodé - car le jeu se démarque surtout par son univers et sa narration, ses deux gros points forts. Ne le cachons pas, Lisa a un vrai point faible, c'est la galère de certaines phases d'exploration : toutes les portes et les cavernes se ressemblent, du coup on s'arrache parfois les cheveux avant d'atteindre la zone voulue. Heureusement les combats sont vraiment intéressants et certains représentent un vrai challenge. Niveau rythme de jeu, on alterne exploration, combats et scénettes dans une alchimie bien équilibrée. Le jeu s'offre même quelques phases véhiculées rafraîchissantes et bienvenues.
Intéressons nous surtout à cet univers, génialement absurde, glauque et WTF.
Pour faire court et sans spoiler, nos héros (30 personnages débloquables) évoluent dans un monde à la Mad Max, où les femmes ont disparu. Sur les ruines de notre civilisation s'est donc construit un monde où se vider les couilles en étant coké à l'extrême est devenu le Graal ultime, avec bien sur tout le système social et économique qui suit derrière. Et dans cette misère crasse, le seul point de lumière pour l'humanité - un poupon de sexe féminin - viens d'échapper à tes bras protecteurs. Autant dire que c'est le rush des freaks - à la libido remontée comme des taulards texans - pour retrouver l'enfant. Tu le sens le malaise dans le pitch là ?
A ça s'ajoute une narration parfaitement maîtrisée. Écrans flash-back, phases hallucinatoires, scénettes (le mot me parait un peu trop gentillet compte tenu de la teneur). J'ai beaucoup apprécié la quantité d’événements qui rythment l'aventure. L'humour, les références et le détournement des codes vidéoludiques sont omniprésents et créent cette atmosphère si particulière au jeu. Parallèlement, chaque phase de repos, chaque sortie de grottes, chaque combats surprise et mal préparé peut provoquer un Game Over bien sentis. Et pour ne pas spoiler, je préciserais seulement que le scénario inclue la prise de décisions importantes et non modifiables. Le tout est servi avec une OST géniale et parfaitement dans le jus, du bonheur.
A de nombreux égards, le jeu ne fait pas de cadeaux au joueur. La difficulté est assez corsée (on la choisi dans le tutorial, pour un premier run je recommande fortement le mode normal) et en dent de scie, la première heure de jeu peut d'ailleurs paraître trop punitive. Surement une sorte d'avertissement pour le reste du jeu, mais à trop morfler on apprend aussi à se méfier. A se méfier des propositions bizarre des punks, du pas de trop au bord d'une falaise, du mec ridicule (mais PUTAIN il a une batte avec des clous!). Surtout on apprend à se défaire de son empathie pour les membres de son équipe. Plutôt lui (eux) que moi.
Bref, je dois avouer que la palette de sentiments provoqué par cette petite perle est extrêmement variée : j'ai ri (beaucoup), j'ai été mal à l'aise (passionnément), j'ai été violent (à la folie) et je ne regrette pas du tout.
Il y a une profondeur insoupçonnable sous cet amas de pixels.