"À table, devant le ragù accompagné de grosses pâtes, j'étais assis bien sagement, mais intérieurement j'étais à genoux devant mon assiette". La table a pris la forme d'un autel dans le souvenir du narrateur. Erri de Luca déroule dans son dernier roman la mémoire de sa vie, faite d'instants insouciants, ou heureux, de poésie grave, de luttes politiques et de littérature.
Fragments d'un voyage, fragment d'une existence et de celles d'autres qu'il porte en lui. On voudrait s'arrêter sur chaque phrase, peser le poids de mots si justement choisis, les faire rouler dans son esprit de telle ou telle façon, mais un souffle certain nous entraîne de fragment en fragment. La chronologie n'est pourtant pas linéaire, mais de pages en pages, plusieurs images fortes reviennent nous frapper.
C'est beau ! Que vous vouliez lire fragment par fragment, ou vous laisser emporter par le tourbillon, que vous vouliez lire sur l'Italie, mai 68, la liberté, la solitude, la littérature, le mysticisme, la condition ouvrière ou les pâtisseries napolitaines, à mettre entre toutes les mains !
"L'enceinte des livres, petite comme le panier d'une montgolfière, ouvrait sur tout".