Le Poison de la Vengeance est le quatrième tome de l'excellent cycle de l'Assassin Royal, écrit par Robin Hobb, probablement mon auteure préférée. Encore plus que d'habitude, ce tome contient des spoilers énormes sur le tome 3, soyez prévenus !
En bref : Le Roi Subtil est mort, lentement assassiné par ordre de son second fils, Royal. Apprenant la nouvelle, Fitz s'est déchaîné pour se venger des coupables, mais faute de s'être expliqué avant, il est passé pour un fou homicide. La verve de Royal l'a fait passer pour un traître utilisant une magie impie. Torturé pendant des jours, ils est finalement déclaré mort et enterré dans la honte. Mais ce n'est pas la fin... Grâce à la magie du Vif, Fitz a transféré son âme temporairement dans son fidèle loup et compagnon, Œil-de-Nuit. Déterré par Burrich des jours plus tard, Fitz entame une longue convalescence pour laisser derrière lui les morceaux de loups mêlés à son esprit et redevenir humain.
Le vieux roi est mort, celui qui aurait du lui succéder porté disparu. La princesse Kettrichen a difficilement réussi à fuir les complots de Royal. Ce dernier a enfin le champ libre pour ses ambitions. Sans mentor, ordre ni conseil, l'assassin est libre de faire ce qu'il veut. C'est-à-dire œuvrer à la mort du nouveau roi en titre...
Bon, commençons par les évidences : même pour un livre de Robin Hobb, celui-ci est particulièrement sombre. Fitz est littéralement mort, brisé physiquement, humilité en privé et sa réputation déjà pas terrible de bâtard a encore empiré, maintenant il est perçu comme un genre de monstre mi-animal, sauvage et régicide. Autant dire que les jours heureux sont loin derrière lui !
Ensuite, le découpage des livres anglais en français à des conséquences une fois encore. Ce tome correspond à la partie "introduction" de la suite des aventures de Fitz. Ça n'a pas vraiment d'impact sur l'action (ils se passe vraiment pas mal de choses), en revanche le changement de décors est radical. On quitte Castlecerf qui servait de nid aux intrigues des précédents tomes.
Géographiquement, au cours de sa convalescence, Fitz voyage beaucoup en rase-campagne, puis il se dirige vers les duchés de l'intérieur que nous n'avons encore jamais vu. Mentalement, j'ai déjà signalé l'absence total de cadre dont Fitz n'a pas l'habitude, il est séparé de tous ses proches dont la plupart son convaincus qu'il est mort. Du coup on assiste vraiment à une période de roue-libre, les résultats ne sont pas toujours fameux, mais en tout cas il se remue.
Si ce tome est largement centré sur la quête de Fitz de se venger de l'ordure d'oncle qui lui pourri la vie depuis trois tomes (rappelons le quand même, outre les insultes à répétitions, menaces, bastonnades, plusieurs tentatives d'assassinat de lui et de ses proches), on en apprend en revanche vraiment sur deux éléments clé. Le premier c'est Fitz lui-même, au risque de me répéter, sans conseils ni contrainte, il fait ce qu'il veut (enfin, ce qu'il peut plutôt). On le découvre donc au fil de ses actes et non plus de ceux des autres.
Enfin, le lien entre Fitz et Œil-de-Nuit n'a jamais été aussi étroit ni aussi évident. Pour ceux qui en doutaient encore, le loup EST un personnage à part entière, avec sa façon de penser et ses objectifs personnels (et non pas un bizarre dragon complaisant comme Saphira dans Eragon). Ce lien est d'ailleurs clarifié quand Fitz apprend à connaître d'autres gens utilisant le Vif, cette magie animale de sombre réputation. Enfin on reçoit d'avantage d'explication sur son fonctionnement et ses limites.
J'ai bien aimé ce tome, malgré mon dépaysement. Cela tiens en parti au fait de retrouver Fitz en vie. J'avais frôlé la dépression en croyant que le séjour dans la tombe était la fin du voyage pour lui. Niveau action, il y en a pas mal, le compteur de victime de Fitz augmente sensiblement, même si il paye régulièrement le prix de ses erreurs. **Les enjeux sont un peu moins grands que d'habitude**s (même si plus précis) et il y a globalement moins de complexité aux intrigues. Les rumeurs et ragots n'ont jamais été si importants dans le récit, la stupidité manifeste de la populace manipulable n'a jamais été aussi flagrante (au détriment de notre assassin préféré, évidemment).
Vers le dernier tiers du livre, un événement surprenant va néanmoins changer toute la donne. Une partie de l'intrigue que je croyais ne jamais voir aboutir va être relancée, encore qu'avec une lourde part de mystère. Si je peste souvent contre le découpage des livres, pour une fois je le trouve bien réussi après un passage aussi frappant que brutal. Je n'avais qu'une hâte à la fin de ce tome, que Fitz retrouve certains de ses compagnons et qu'une nouvelle aventure commence. Comme d'habitude avec Robin Hobb, je n'ai d'ailleurs pas été déçu !
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