Le Miroir de sang
8.4
Le Miroir de sang

livre de Brent Weeks (2016)

Le Miroir de Sang est le quatrième tome de l'excellente saga de fantasy qu'est Le Porteur de Lumière. L'auteur Brent Weeks est passé à un rien d'un procès pour sadisme envers ses personnages. Évidemment, la critique contient des spoilers sur le premier, deuxième et troisième tomes !


En bref : Tout va mal. Le tout puissant Gavin Guile passe pour mort. En réalité il est seulement éborgné, détenu dans une prison diabolique de sa conception et privé de tous ses pouvoirs. Sa femme (oh combien brièvement) a atteint le pouvoir suprême à la Chromerie, apparemment pour regarder sombrer le navire. Le pays est déchiré par une guerre religieuse sanglante, miné par des traîtres et des créatures d'un autre monde tandis que l'ordre d'assassins de l'Oeil brisé se montre de plus en plus... prolifique. Seul Kip Guile le fils bâtard semble pouvoir renverser la vapeur avec ses compagnons d'armes dans une farouche guérilla, même s'il est plus qu'à moitié occupé par son inconnue de jeune épouse...


Il n'y a pas à dire, le Miroir de Sang porte bien son nom. Rarement je n'ai vu des personnages aussi malmenés. Même Robin Hobb ma sacro-sainte martyrisatrice préférée reconnaît que Brent Weeks est implacable, c'est dire !


Dès les premières pages, on a l'impression de recevoir de gros coups de maillets dans le ventre sous le coup des révélations. Le genre qui change les perspectives sur les trois précédents volumes. Ca pourrait donner l'impression d'être sorti de n'importe où, mais au contraire c'est très bien fait, très bien planifié, et savoureusement machiavélique.


L'histoire se concentre sur quatre personnages principaux très liés, mais très différents. Gavin Guile, ex-demi-dieu, ex-chef de guerre, ex-génie de la magie et leader idolâtré ne cesse de chuter. Vraiment à chaque fois qu'on pense qu'il a touché le fond, on se trompe. Petit à petit ses défauts se révèlent : il choit de son piédestal et acquiert au passage notre sympathie (acquise au prix fort).


Karris Guile est devenue le Blanc, dirigeante de facto de la Chromerie. C'est un personnage féminin résolument fort. Elle est déterminée à affronter la tempête malgré les déboires qu'elle encaisse avec ses énormes responsabilités et le désastre de sa vie personnelle. C'est sans doute mon personnage préféré ce tome-ci.


Kip et ses Immortels tentent de gagner la guerre à eux tous seuls. Incroyablement doués pour se battre et naïfs (voir ridicules) dans les autres domaines, ils ont fort à faire s'ils veulent triompher. Celui qu'on commence à appeler le Porteur de Lumière va devoir fourbir ses armes et se trouver des alliés improbables s'il veut triompher. Tisis sa voluptueuse femme n'est pas là que pour troubler ce grand dadais, mais va aussi apporter sa pierre à l'édifice en faisant du grossier Kip un véritable leader.


Enfin Teia la jeune Garde Noire se retrouve isolée loin de ses amis pour une mission toujours plus dangereuse. Infiltrée chez les assassins de l'œil Brisé, elle joue le rôle d'agent double. Sans cesse le prix à payer pour gagner leur confiance monte, il va lui falloir accumuler pas mal de sang sur les mains. Une question la tourmente : à quel moment le sacrifice des innocents - toujours plus nombreux - dépasse-il la valeur de sa mission ultime ? Et quand son âme sera-elle irrémédiablement souillée par ses actes ?


J'ai ADORÉ ce tome, il n'y a pas d'autre mot J'ai du interrompre ma lecture dix fois sur des "put... de m..." mentaux que m'inspiraient certains passages et pourtant je suis plutôt du genre armoire à glace niveau émotions (petite et bedonnante, l'armoire).


Les enjeux ne cessent de grimper, croyez-le ou non. L'auteur s'inspire discrètement de certains mythes pour les remanier et les amplifier avec un culot fou. Le drama est a son comble dans les vicissitudes des personnages qu'on a appris à adorer. Autant j'apprécie les personnages de Gavin et Kip, autant la palme d'or revient pour moi à Karris et Teia. La première avec sa volonté de fer, la seconde avec sa paranoïa efficace. L'argent irait sans doute à Andross Guile, le tyran machiavélique. L'enflure pragmatique, le connard de première qui a tenté de tuer à peu prêt tous les autres personnages principaux... et pourtant qu'on fini par devoir ranger dans la case "gentils", faute de mieux.


Une histoire passionnante et des personnages passionnants pour une saga passionnante qui m'a... passionnée !
O.K je me répète mais l'idée est là ! Finalement que peut-on demander de plus ?


Si jamais vous comptiez arrêter la lecture au tome 3 (haha !) vous faites une grossière erreur. Je n'ai qu'un regret c'est que ce tome est l'avant dernier de la saga (l'auteur a promis juré craché). Autant j'ai envie d'attendre la suite - en novembre - autant je ne pourrais que regretter la fin de cette fresque grandiose.


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Cluric
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le 29 juin 2017

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Cluric

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