Le Miroir de sang
8.4
Le Miroir de sang

livre de Brent Weeks (2016)

Quatrième tome de la série fétiche (?) de Brent Weeks, Le Miroir de Sang semble apporter un nouveau tournant dans la saga Le Porteur de lumière en demeurant cependant assez discret, ce qui ne retire absolument pas le côté rafraichissant que la série arbore depuis le début de cette incroyable aventure. Un retour aux origines stylistiques qui parvient à faire le plus grand bien que la narration, bien que toujours passionnante, semble montrer quelques faiblesses...


Prisonnier des cellules qu'il avait construit pour son frère, Gavin (Dazen) est plus abattu que jamais alors que, derrière les murs de la Chromerie, les satrapies gisent sous les flammes de la guerre. Mais Kip n'a pas dit son dernier mot et est bien décidé à sauver la Forêt de Sang des griffes du Roi Blanc.
No spoil, comme à mon habitude ; normalement...


La principale "nouveauté" de ce tome, outre le fait que l'intrigue est toujours aussi appréciable, avec des moments plus que délicieux et des retournements de situation plus qu'efficaces, c'est le changement de posture, de point de vue. En effet, si on peut affirmer sans trop se tromper que les trois premiers tomes suivaient surtout les aventures de Gavin Guile, quand bien même les faits et gestes de son fils Kip étaient bien retranscrit, à partir de ce tome-ci, tout bascule. Kip est à présent véritablement au centre de l'histoire : Gavin se retrouve dévoré par les ténèbres des cellules de luxine et c'est à Kip de briller, ce qui offre matière à décrire et à approfondir ce dernier mais surtout les Invincibles (les Gardes noirs qui le suivent). Un changement (peut-être ressenti subjectivement) de focalisation qui entraine de très bonnes idées et surtout, qui permet de raviver un peu de nombreux personnages qui semblaient drastiquement changer ; même si l'évolution des personnages n'est absolument pas un mauvais choix, bien au contraire. Un tome donc qui se permet des changements sans pour autant s'écarter de tous repères dévoilés depuis les premiers tomes : on garde un dynamisme et une tension agréable, notamment avec les passages en compagnie de Teia, sans parler des divers rebondissements politiques, avec les éternelles dualités entre Karris et Andross. De toute évidence, il est clair que Brent Weeks continue de nous émerveiller avec son style d'écriture, quand bien même nous pouvons peut-être ressentir une volonté involontaire de nous perdre dans une intrigue stupidement complexe, élément que l'on pouvait déjà ressentir dans le troisième tome - concernant, par exemple, l'existence des Immortels et des plans parallèles. Néanmoins, et notamment grâce au petit changement de focalisation sus-présenté, on parvient à s'épanouir à travers ce tome, entre les escarmouches de Kip contre les Robes sanglantes, les questionnements de Gavin sur sa condition et tout un tas d'autres éléments présentés par les autres grandes figures de la série.


Et en parlant de ça, côté personnage, il y a des choses intéressantes à relever, en plus de la plus grande importance donnée à Kip. Depuis le début de la série, Brent Weeks a fait en sorte de fonctionner, surtout en ce qui concerne les personnages de Gavin et Kip, les diverses relations sous le prisme d'une opposition ; élément qui pourrait être un défaut mais qui apporte un niveau de lecture intéressant selon moi. Et cette opposition, avec le changement de focalisation - on y revient, se retrouve également basculée, au point de faire passer Gavin pour la victime auto-rabaissée et Kip pour le futur Prisme plein de bon sens.
Et si les personnages trouvent des évolutions intéressantes, de Gavin à Kip en passant par Teia avec ses péripéties concernant l'Ordre ou Poing-de-fer et sa folie naissante, d'autres personnages perdent littéralement notre sympathie ou notre intérêt, comme c'est le cas, à mon grand regret, de Liv Davanis qui ne semble plus rien apporter à la série malgré un rôle de taille (c'est le cas de le dire).
Il est à noter qu'un défaut semble se profiler à l'horizon concernant l'aspect manichéen de l’œuvre : il a été fait en sorte que aucun véritable méchant soit cité et que Andross Guile pouvait aussi bien faire office d'antagoniste que le Roi banc (ancien Prince des Couleurs) suivant les personnages que l'on décidait de suivre. Mais ce tome laisse place, surtout dans les dernières pages et dans les chapitres liés à Liv Davanis, à une convergence d'indices menant à un seul et véritable être maléfique. Ce qui, en un sens, remet toute la philosophie et les bonnes trouvailles de la série littéraire en jeu. Car là où le mal pouvait surgir de n'importe où et où des alliés inespérés pouvaient encore sauver les situations les plus tendues, on arrive à un stade - plus classique - où le monde doit affronter un seul et unique méchant. En soi, quel est le mal ? La Fantasy fonctionne de cette façon depuis la nuit des temps mais pour une œuvre qui semblait vouloir s'en écarter à la manière des Annales de la Compagnie noire ou d'un Trône de Fer (même si c'est plus discutable), c'est un peu raté de se diriger vers une finalité quelque peu basique...


Ce quatrième tome apporte son lot de satisfaction, avec des séquences mémorables, des évolutions de personnages intéressantes et, bien entendu - grâce à l'exploration d'une satrapie entière - un approfondissement sur le lore complètement dantesque. Le Miroir de Sang propose un excellent divertissement, à l'instar de ces camarades précédents et malgré quelques détails de relâchement, assez mineurs, on est en droit de s'attendre à un dernier tome (coupé en deux pour la version française) à la hauteur.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
9
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le 19 juil. 2021

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PhenixduXib

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