Le Pouvoir dégage une naïveté confondante. On sent que Naomi Alderman veut rendre crédible son univers voire réaliste. Mais elle force tellement, elle maîtrise tellement mal ses sujets que ça se voit. Par exemple elle publie des fac similés fictifs d'études scientifiques ou de planches archéologiques. "C'est pour de vrai hein! Il faut y croire hein!" semble dire l'auteur à longueur de pages. Au départ je pensais même que c'était un livre écrit par une adolescente. Dans son récit Alderman veut rendre chaque séquence la plus ancrée possible dans le réel (malgré le "pouvoir"), comme toute la partie en "Bessapara", une région autonome de la Moldavie (soit un des endroits les moins sexy du monde...). On y passe des pages et des pages là bas. L'auteur se perd dans des considérations géo politique qu'elle maîtrise mal mais sur lesquelles elle persiste et signe. Il suffit d'imaginer la situation pour trouver ça risible : une bande de femmes capables de faire de l’électricité avec les mains résiste à une armée (plus ou moins régulière) équipée de véhicule, d'explosifs et d'armes à feu. Seriously? D'ailleurs ça m'a toujours fait rire ce pouvoir. Je l'ai toujours trouvé ridicule. J'avais l'impression de voir une armée de Pikachus.
Seule l'auteur ne semble pas se rendre compte de la crétinerie puérile de ses propos. Un autre exemple? Tunde, seul homme sympa de tout le récit . Toutes les femmes ovulent en le voyant. Ce bel Africain au corps taillé en V...Le cliché de la minette en chaleur ou de la housewife délaissée.
Tout le récit est comme ça. Rempli de clichés ou de gnangnanseries. Comme tout l'aspect religieux qui prend une part très importante dans l'histoire. Cette religion dont on ne comprend pas les tenants et les aboutissants : calquée sur le modèle du catholicisme mais qui mettrait les femmes en avant...tout en ne rejetant personne ni aucune autre religion...hein? Le personnage d'Allie/Eve, central sur le premier tiers du livre, devient par la suite totalement secondaire pour laisser place à tout cet embourbement en Bessapara.
J'ai lu dans une autre critique que l'auteur ne semblait pas savoir comment finir son livre. Et effectivement, toute la fin est incompréhensible. On ne comprend pas ce qui se passe ni pourquoi ni comment. C'est drôle d'avoir bâclé la fin alors que le livre fait 500 pages et se noie dans des détails (toujours avec cette optique de crédibiliser l'environnement) et ses multiples points de vue qui alourdissent le récit (tout en ne proposant pas le même intérêt chacun, genre Tunde...)
Mais finalement, que veut nous raconter ce livre? Que le "pouvoir", quel qu'il soit, c'est bien tant que tu le maîtrises? Qu'on devient méchant parce qu'on le "peut" et pas parce qu'on le "veut" (théorie stupide)? Que les femmes sont aussi cons que les mecs? Un peu tout ça je dirais. Le livre a une tonalité moins femininazi que ce à quoi je m'attendais. Certes les mecs sont tous des connards, sauf Tunde le bel Africain et toutes les nanas sont des victimes mais vers la fin les choses basculent un peu de l'autre côté. Les hommes deviennent victimes (dans des séquences bizarrement hard par rapport au reste du récit) et les femmes les bourreaux car au pouvoir.
Bien sûr dans les dernières pages, lors des échanges épistolaires fictifs, on nous bassine avec la théorie des genres (faudra m'explique à partir de quel moment le fait qu'il y a des hommes et des femmes est une "théorie") et le fameux "patriarcat".
"Le Pouvoir" est un livre à l'écriture insipide. Trop long, trop premier degré (il n'y a aucun humour), trop désireux de rendre son univers crédible par des artifices. Le fond féministe n'est pas rebutant mais donne des situations risibles. Si l'auteur s'était concentrée sur le personnage de Margot ou de Roxy uniquement ça aurait pu donner un truc pas mal. Malheureusement Naomi Alderman s'est noyée toute seule dans sa multitude de personnages et la partie en Bessapara l'a achevée.