Je ne sais si beaucoup d’hommes me ressemblent en cela, mais j’ai toujours désiré, même adolescent, porter dans mes bras une fille qui soit ma chair. J’ai toujours estimé que cela me procurerait une sorte de plénitude sans laquelle mon existence de mâle demeurerait inaccomplie. J’ai constamment rêvé de cette fille, dont j’imaginais les traits et la voix, et que j’avais prénommée Béatrice. Pourquoi Béatrice ? Il doit bien y avoir une raison, mais aussi loin que je remonte dans ma mémoire, je ne découvre en moi aucune racine à ce nom, il est simplement là, comme une fougère éclatée.