Partir à la rencontre du Prince à la petite tasse, c’est partir à la rencontre de soi-même autant qu’à la rencontre de l’autre. Le migrant, celui qui n’a que son corps à habiter, qui dérange plus par notre incapacité à communiquer avec lui que par ce qu’il demande, ce migrant, dans le récit d’Emilie de Turckheim, est un Prince délicat, sensible à la profondeur de la relation humaine comme l’était la Princesse au petit pois au confort de son matelas.
Rezza, réfugié afghan, migrant du Monde en errance depuis longuement déjà, se trouve être accueilli chez l’auteure. Pas seulement hébergé, entretenu. Non, la maison lui est ouverte pour qu’il y soit chez lui, en partage de la vie avec la famille qui jusque-là squattait seule la place.
Suivre Emilie de Turckheim dans cette expérience « migratoire », tendre, poétique mais très enracinée dans le quotidien, sa réalité, ses combats, c’est se laisser bousculer dans nos habitudes, nos réflexions, nos croyances, nos peurs. C’est aussi, humblement, entrer dans le monde de l’autre, son passé, ses combats, ses expériences, son envie de communiquer, de partager, de se révolter contre la situation.
Avec humour, tact, humanité et humilité, l’auteure nous ouvre les yeux sur la question de l’accueil des réfugiés au sein de la société (et non seulement du territoire). Ce livre soulève, bien à propos beaucoup de questions. Il nous offre quelques réponses et une invitation à donner sens et réalité à des valeurs que l’on cite souvent sans toujours pour autant construire notre quotidien dessus.
Merci aux éditions Calmann-Lévy et à NetGalley pour la découverte de ce livre et de cette auteure.