Comment ne pas tomber sous le charme de Barnabé, adorable sourie-éléphant qui rêve d'étoiles et de liberté, piégé sous sa cloche de verre? C'est que, voyez-vous, Barnabé et les autres habitants de cloches de verres sont en réalité des expériences de laboratoire secret. Ce laboratoire terré loin sous terre cré des animaux "idéaux" revendus ensuite aux enfants. Barnabé et ses voisins sont des cas ratés. Pattes trop longues, imperfections, manque de couleurs, tous les excuses y passent. Et un jour, alors que son amie la coquerelle, Dita, lui annonce qu'on leur réserve une transformation susceptible d'ajouter le "plus" qu'il leur faut pour être digne de devenir une marchandise, Barnabé souhaite s'échapper et atteindre le monde du dessus . Un monde que Dita lui a décrit et qui semble merveilleux.
Barnabé aura réussi à s'échapper avec toute la bande de "ratés" et aura rejoint un parc humain, non sans quelques péripéties, bien sur. L'entraide est au coeur de l'histoire, car il aura fallut la collaboration de tous les petits animaux étranges pour réussir leur fuite.
Néanmoins, un autre thème plus subtile occupe la tribune: la différence. Barbabé n'est pas la jolie sourie au poil bouffant et à la couleur chatoyante des Barnabo ( ses alter ego magnifiés). On peut donc faire un parallèle sur l'imperfection physique ou le fait d'être "pas comme les autres" auprès des enfants. Être différent, moins beau ou moins attractif n'empêche pas d'être doté de qualités. D'une certaine manière, on pourrait extrapoler en disant que Barnabe est libre parce qu'il n'est pas "mignon" et échappe donc aux standards subjectifs en matière de beauté physique.
Les créatures en présence sont réellement adorables, surtout le cas "ratés". Les petits molletons gris flottants, l'oiseau à grande patte, le paresseux à champignons et tous les autres. Barnabe lui même est vraiment mignon et le fait d'être une sourie-éléphant quand on connait la crainte des souries par les éléphants est assez comique. le visuel est vraiment bien, en contraste avec le sous-sol dans les tons gris et en tons vifs pour le magasin.
"Projet Barnabe" pose finalement une certaine question éthique, en ce sens où dans cette histoire, les petites animaux "mignons" sont carrément produit à la chaine, puis vendus dans des boites en carton. Ils sont bien vivants cependant, ce qui rend l'histoire un brin sinistre.
J'ai donc beaucoup aimé, même si je conçois qu'aucun enfant ne poussera aussi loin la réflexion que je l'ai faite. J'espère qu'ils en tireront au moins la notion d'entraide et que la beauté ne fait pas le bonheur.