Note et critique pour l'ensemble du second cycle : tomes 7 à 13
J’ai souvent pu lire ici ou là que ce deuxième cycle de L’Assassin Royal ne valait pas le premier. C’est là un avis général que je respecte, mais que je ne partage pas. Car si cette seconde partie des aventures de Fitz Chevalerie Loinvoyant est effectivement différente, elle n’en est pas moins bonne pour autant.
Différente car nous retrouvons Fitz quinze ans après les événements relatés dans le premier cycle. Le Bâtard-au-Vif a désormais 35 ans, et à vrai dire, ça change pas mal de choses. Après tout ce temps passé à mener une vie paisible en compagnie de son fils adoptif et de son fidèle compagnon Œil-de-Nuit, le personnage a grandi, mûri, et c’est un autre homme que nous découvrons au fil des pages. L’adolescent torturé des premiers tomes a fait place à un adulte plus calme, plus sombre aussi parfois, mais ayant appris à accepter le destin qui lui incombait. Et c’est la première raison pour laquelle j’aime ce deuxième arc, car si j’ai appris à aimer Fitz dans ses premières aventures, c’est avec ce tome que j’ai pu m’y identifier pleinement.
Plus adulte, plus paternel, ce Fitz me parle. Plus poignant et plus poétique, ce cycle me parle.
Car oui, au-delà du personnage principal, ce sont également les thématiques abordées qui ont évolué. Sans pour autant laisser de côté ces intrigues politiques si emblématiques de la saga, Robin Hobb nous livre un récit plus touchant et chargé d’émotions. Je garde des souvenirs profondément marquants de ce second cycle qui m’aura plusieurs fois terrassé, parfois de joie, d’autres de tristesse... Mais comme Fitz, chaque fois je me relevais et poursuivais mon aventure, ma lecture, avec cette crainte grandissante qu’elle ne s’achève à mesure que les pages défilaient sous mes yeux. Ce qui a bien fini par arriver, et jamais la fin d’un roman ne m’aura plongé dans une telle torpeur.
Parce que j’ai aimé. Parce que j’y étais. Parce qu’à travers la foule d’émotions que cet arc a fait naître en moi, j’ai pu vivre l’histoire, et qu’il est difficile d’admettre qu’elle touche à sa fin.
Est-il besoin de préciser que la plume de Robin Hobb est toujours aussi agréable ? La traduction toujours aussi réussie ? Le développement aussi maîtrisé ? Les personnages, le monde, l’histoire, tous toujours aussi travaillés et attachants ? L’AR, c’est tout cela à la fois. Alors oui, Robin Hobb prend son temps, comme à son habitude ; oui, l’action pourrait se faire un peu désirée chez certains. Mais peut être est-ce aussi là l’essence même de ses romans. Aurais-je vécu l’aventure avec la même passion si elle avait été plus concise et mouvementée ? Rien n’est moins sûr.
Finalement, le premier cycle est-il meilleur que le second ? À moins que ce ne soit l’inverse ? À mon sens, les deux se valent, et en considérant ces quelques différences, c’est selon sa sensibilité que le lecteur tranchera. Pour ma part, c’est la saga que j’ai aimé. J’en garde des souvenirs marquants, dont beaucoup de cette deuxième partie !