Rappelons que pour Philippe de Villiers, scénariste de tous les spectacles, le Puy du Fou aurait bien un usage militant. Il déclare: « Je pense que la métapolitique a plus d’influence que la politique, aujourd’hui. Par mes livres et mon Puy du Fou, j’ai fait passer beaucoup plus d’idées qu’en restant la énième écrevisse de la bassine », disait-il, en 2017. On peut deviner que le récit proposé sert ses idées politiques.
Le Puy du Fou ratisse large, des Gaulois à la Seconde Guerre mondiale. Pour arriver à embrasser ce vaste paysage historique, quatre chercheurs se sont donc réunis pour mener l’enquête : Florian Besson, médiéviste, Pauline Ducret, spécialiste de la Rome antique, Guillaume Lancereau, historien de la Révolution française, et Mathilde Larrère, dix-neuviémiste.
Le collectif d’historiens a fait la visite pour tenter de comprendre quel récit de notre passé est proposé. Ils en reviennent avec la conviction d’avoir assisté à une « falsification ».
J’ai énormément apprécié cet ouvrage d’une grande rigueur dans la présentation du savoir historique et de sa relativité.
L’analyse du contenu des spectacles montre que le parc fait peu de cas de la réalité historique, n’hésitant pas à mélanger des personnages distants de trois siècles pour mieux servir le discours idéologique antirépublicain, la glorification du mariage, la justification des stéréotypes sexistes par l’histoire (place immuable des femmes), un passé idéalisé avec des nobles protecteurs et jamais exploiteurs (les seuls à avoir un destin, des valeurs, à exister pour eux même), un extérieur perçu comme menaçant...
À lire avant d’exposer ses enfants à ce contenu ou de prendre la responsabilité de le proposer à ses collègues quand on dirige un CSE, une entreprise…
Le livre se termine sur une proposition de réécriture des spectacles qui, sans perdre de leur aspect attractif, seraient plus conformes aux connaissances historiques. Un bon moyen d’effacer les clichés inscrits en nous par les différentes fictions, voire le roman national.