Alors autant le dire tout de suite, je n'ai pas été a bout de ce roman, dont j'ai lu une grosse centaine de pages (142 pour être extrêmement précis). Et pour illustrer en partie ceci, une anecdote en mode 3615 ma life :
Il y a quelques semaines, lors d'un festival de littérature de l'Imaginaire rennais (Ouest Hurlant, autant le dire), je passe devant un stand de petit éditeur et croise une notule sur un roman disant fièrement : "Le mélange réussit de Shakespeare et de Damasio".
Immédiatement intrigué par cette annonce extrêmement audacieuse, je m'enquiers du titre et, stupeur ! C'était le Quatrième roi mage, chez son premier éditeur ! (qu'à l'époque j'avais abandonné depuis trois mois dans sa version poche).
Et autant le dire : si c'est sensé être du Damasio, c'est raté, et si c'est ça Shakespeare, ben ça donne pas envie d'en lire.
Mais revenons à nos moutons. Qu'est-ce qui m'a rebuté dans ce roman ?
Déjà, le postulat de départ m'avait intrigué : un guerrier viking dans la Galilée de Jésus de Nazareth. Premier problème de mon point de vue, avec cette énorme incohérence chronologique, étant donné qu'on ne parlera pas de viking avant huit bons siècle, mais j'étais prêt à passer outre si c'était justifié, même mal. Sans compter que je n'excluais pas totalement une confusion entre viking et scandinave. Mais j'aurais vraiment pu passer outre sur ce point.
Le problème, c'est que ce roman souffre d'autres tares.
Vous vous souvenez du côté Damasio de la notule du début ? Et bien la filiation est visible en cela qu'Antonio Esposito tente de renouveler la prestation de "La Horde du Contrevent" en utilisant des éléments typographiques pour identifier ses personnages en début de paragraphes.
Sauf que pour que ça marche, il faudrait que les personnages soient suffisamment "incarnés" pour qu'on les reconnaisse à la lecture. Or, ce n'est absolument pas le cas de la majeure partie d'entre eux, et pour une raison simple : il y a beaucoup trop de personnages !
Sur la seule première partie (la seule à laquelle je me sois finalement frottée), on compte 29 protagonistes différents, avec chacun leur signe d'identification ! On est paumé là-dedans très, très vite. D'autant plus facilement que certains personnages possèdent plusieurs noms ! Par exemple, le fameux viking qui ira en Galilée a pas moins de quatre désignations différentes dans le récit : Nanuq, Bjorn, Bjornsen, Nol.
Bref, c'est pas le tout de reprendre les idées de Damasio, il faut aussi penser aux lecteur.ices et garder ça lisible.
À cela s'ajoute un style d'écriture que j'ai trouvé par moment fort pédant, et absolument pas naturel. Mini spoiler : Nanuq/Bjorn/Bjornsen/Nol rencontre un ange à un moment, et leur discussion, ma doué ! On dirait un débat théologique (et pourquoi pas hein, je dis pas), mais niveau Saint-Augustin/20. Alors passe encore pour l'ange, mais le rude viking qui débat sens de la vie / théosophie comme le dernier des théologiens chrétiens (ou plutôt le premier, vu que l'histoire est sensé se dérouler avant les premiers théologiens chrétiens), je suis désolé, mais ça ne passe pas.
J'ai quand même tenu jusqu'à l'arrivé du viking en Galilée, où il massacre les soldats d'Hérode à qui mieux mieux, mais j'ai abandonné là. Ce n'est pas agréable à lire, ça ne m'a à aucun moment donné envie de lire la suite, et c'est un peu le but d'un roman pourtant.
Le fait qu'il soit sorti en poche après une première édition laisse pourtant penser que le texte doit avoir des qualités, mais se ne sont visiblement pas celles que je recherche. Si ce roman a un public, je n'en fait clairement pas parti.