Quelle lecture, quelle claque sérieusement. Vous devez lire ce roman, impérativement. Je peine à commencer, je ne trouve pas les mots suffisants pour caractériser ce roman. Ainsi, vous êtes prévenus, attendez-vous à une critique décousue et vide de sens.
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Nous sommes dans un village imaginaire, situé dans un pays anonyme. Autriche ? France ? Pologne peut-être ? Impossible de savoir, Claudel garde le mystère.
Un étranger, "de anderer" est arrivé dans ce petit village où tout le monde se connaît. Mais les habitants ne l'apprécient pas, "trop différent" qu'ils disent. Alors un soir, à l'auberge, un meurtre collectif s'est tenu. La quasi-totalité des hommes du village y ont participé.
Tous, sauf Brodeck. Pourtant, c'est Brodeck qui doit en faire le rapport. Brodeck, il sait écrire, il est intelligent. Lui, il pourrait justifier les crimes de ses voisins. Et ce rapport, Brodeck l'a méticuleusement écrit. Mais en plus d'écrire ce rapport, Brodeck a également écrit son histoire. Avant, à la capitale, dans le train, puis dans le camp d'extermination.
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Ce roman est admirablement construit. Ne pas dévoiler toute l'histoire est déjà difficile dans le cinéma, alors dans la littérature, c'est plus qu'un simple défi. Les descriptions de Philippe Claudel sont vraies sans être assommantes.
Le personnage principal est touchant, son histoire tragique. Et pourtant, lors de la rédaction du rapport et de son histoire, jamais il ne jugera les actions des autres. Il essaye simplement de comprendre. "L'anderer" n'est que le reflet de la lâcheté des habitants du village. Les habitants qui ont cohabité avec l'occupant, qui ont dénoncé Brodeck et violé sa femme.
Finalement, Brodeck part en paix avec lui-même. Lui, n'a pas participé au crime de "l'anderer", il s'est contenté d'exécuter son devoir. Cet "anderer" n'était pas si différent de lui après tout.
L'omniprésence du dialecte ?allemand? peut gêner dans les premières pages, c'est peut-être le seul point négatif de l'ouvrage. Il faut dire que j'ai vraiment accroché à l'histoire, ma critique n'est peut-être pas très objective.