Un très beau récit malheureusement difficile à suivre
"Raconter est un remède sûr", j'en suis intimement persuadée. Cela justifie donc à mes yeux la nécessité pour le personnage de Brodeck de faire le récit, confus à l'image de ses souvenirs et de ses sentiments, de sa vie tourmentée par les horreurs de la guerre et par la déshumanisation des hommes qu'il connaissait.
Néanmoins, la lenteur de ce récit déstructuré a perturbé mon immersion, provoquant parfois la perte de mon attention sur une flopée de pages à la suite, et c'est bien dommage car c'est là la seule chose que j'aurais à reprocher à ce livre, mais ce défaut - qui en fut un pour moi mais pourrait peut-être constituer un point fort du point de vue de quelqu'un d'autre - prend une telle ampleur qu'il est tout bonnement impossible de passer outre, donc si on affectionne pas cette forme de récit dès le départ, je suis désolée de vous dire qu'il faudra bien s'accrocher tout le long du livre.
Pourtant, j'ai été séduite par la beauté de l'écriture de Claudel, la richesse de ses descriptions ponctuées de métaphores élégantes et par la souffrance vive dépeinte à travers ce roman, qui nous offre une vision pessimiste - mais réaliste dans une certaine mesure - de l'homme survivant de la guerre, mais ayant perdue une part d'humanité en chemin.
Le Rapport de Brodeck aurait pu être une très bonne surprise voir un gros coup de cœur si seulement j'avais réussi à me plonger dans ce flot de souvenirs désorganisé.