C'est avec une certaine impatience que je me suis attaqué à la lecture de mon premier roman d'Henri Loevenbruck. Et ce fut « Le rasoir d'Ockham ». Malgré ses trente six printemps, Ari Mackenzie est une pointure chez les RG. En effet, il est un des grands spécialistes des mouvements sectaires. Entre son père qui semble perdu dans son Alzheimer et Lola, la petite libraire à qui il n'ose avouer son amour, Ari a une vie relativement calme, hormis la sale réputation qui lui colle à la peau quand il s'agit d'intervenir. En effet, il a plus du Jack Bauer que de l'inspecteur Maigret, ce qui gâche un peu son profil aux RG.
Lorsque Paul, l'ami de son père, meurt dans des circonstances étranges, Ari ne peut s'empêcher de mener l'enquête. Il découvrira alors six pages extraites d'un ancien manuscrit – qui existe réellement d'après l'auteur, d'où les détestables relents de DVC qui nous préparent toujours à de grosses déceptions – qui vont le mener sur la piste des assassins ainsi que d'un mystérieux secret. A noter que dans ce roman, on a enfin une bonne présentation du véritable lavage de cerveau. Je vous laisse le soin de le lire pour en découvrir la technique.
Un thriller se doit d'être palpitant et de vous faire faire des virages à 90° voire à 180°, avec toute la palette intermédiaire. Hélas, celui-ci est rectiligne. Peut-être en ai-je trop lu, mais je n'ai pas trouvé ici de retournements ni le moindre doute quand à l'issue de l'histoire. Certes l'auteur semble promettre une suite car la fin est relativement conventionnelle, mais il faut espérer qu'il n'a pas éventé toutes ses ficelles dans ce premier opus.
C'est bien écrit, distrayant. Il y a de quoi faire le bonheur d'un lecteur. Pour avoir lu des thrillers un peu plus relevés, j'en suis personnellement déçu ce qui ne doit pas vous détourner de cette lecture légère. Ce que je regrette surtout c'est ce livre qu'on ne cite pas et qui a détruit tout attrait pour le genre. Jusqu'à présent, il n'y a pas de renouveau et « Le rasoir d'Ockham » n'y fait pas exception, il force encore le trait en dotant Ari du besoin d'action d'un Jack Bauer. En tout cas, ce n'est pas ce roman qui sauvera le thriller du marasme qu'il traverse, malgré les bonnes trouvailles qui y sont faites en matière de décryptage.