1793, année de la terreur. Personne n’a confiance en personne. Tout le monde épie tout le monde. Une dénonciation peut surgir de n’importe où. A tout moment. Et conduire à la guillotine.
Madame de Dey est veuve. Et riche. Et dans bien des cas, cela suffit amplement pour être conduit à l’échafaud. Aussi madame de Dey se tient tranquille dans la petite ville normande de Carentan où elle s’est exilée, fuyant Paris. Elle veille à être bien avec tout le monde et reçoit chaque soir le tout Carentan dans son salon : les anciens aristocrates encore en vie (de moins en moins nombreux mais sur lesquels il faut encore compter) et les nouveaux hommes forts proches de la République.
Elle a néanmoins veillé à envoyer son fils et une grande partie de sa fortune à l’étranger. On ne saurait être trop prudent. Pour le reste, madame de Dey s’en remet à Dieu espérant être encore en vie quand cette barbarie s’achèvera.
Mais brutalement, le comportement de la riche veuve se modifie : elle annule deux soirées consécutives. Dans ce climat de suspicion, il n’en faut pas plus pour que les rumeurs les plus folles naissent, enflent et fassent le tour de la ville. Surtout lorsqu’on apprend que la dame se disant indisposée envoie néanmoins sa servante acheter bien davantage de fines denrées alimentaires qu’à l’accoutumé.
Un ami conseille à madame de Dey de mettre fin à sa retraite et recevoir de nouveau. Quelques soient ses motifs : pour faire taire les qu’en-dira-t-on qui sont terriblement dangereux pour tout le monde. Les anciens aristocrates craignent une descente des autorités risquant de les entrainer dans la tourmente. Les autorités craignent de se faire berner et de manquer un complot ourdit par les vendéens. La France a perdu la tête et on a peur à Carentan.
Madame de Dey se laisse fléchir et ouvre à nouveau sa porte aux habitués. Mais elle ne vit plus. Car elle a reçu une lettre de son fils qui a pris part au siège de Granville. La République est sortie victorieuse du combat et son fils est en prison. Celui-ci projette de s’évader et prévient sa mère qu’il sera chez elle dans les trois jours s’il réussit. Il lui adresse également ses adieux au cas où ils ne seraient pas réunis passé ce délai.
En cette troisième soirée, on comprendra que ses invités trouvèrent leur hôtesse quelque peu agitée.
Une très belle nouvelle au suspens constant dans ce climat historique si difficile. Aux côtés de la veuve, on tend l’oreille au moindre bruit provenant de la rue. On s’inquiète, la tension monte. Le fils arrivera-t-il enfin ? Et s’il arrive, comment le recevra-t-on dans cette maison où justement l’accusateur public est au nombre des invités ?
Quand soudain, des coups retentissent à la porte…
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le 26 avr. 2013

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