Le Robinson suisse par Gwen21
Combien douloureuse fut cette lecture ! Déjà que je ne suis pas très robinsonnades et îles désertes, mais là, j'ai décroché le cocotier !
Pour un lecteur d'aujourd'hui, le style du pasteur suisse Wyss est parfaitement imbuvable ; il faut vraiment s'accrocher et pour peu que ledit lecteur ne soit pas un adepte de la littérature classique, c'est un coup à l'en dégoûter à vie sans qu'il soit même possible de lui en vouloir.
J'ai été attirée par ce "récit d'aventures" par simple nostalgie. Enfant, génération Club Dorothée oblige, j'avais suivi avec enthousiasme les pérégrinations de Flo et des Robinson suisses, rescapés d'un naufrage et, dans un moment de faiblesse - alors que, je le répète, je n'aime pas les robinsonnades - j'ai finalement ouvert ce livre.
Disons qu'à côté du narrateur, le Papa Robinson, pasteur et alter ego de l'auteur, MacGyver n'a qu'à bien se tenir ! Allez, n'ayons pas peur des mots, à côté de Papa Robinson, MacGyver, Tarzan, Léonard de Vinci, Einstein et Louis Lépine réunis, c'est de la gnognotte. C'est bien simple : Papa Robinson sait TOUT ; pas seulement tout faire de ses dix doigts, mais TOUT sur TOUT. Ce type est une véritable encyclopédie à lui tout seul, son surnom c'est Wiki.
Donc, Wiki & Co (4 garçons et leur maman) réchappent d'un naufrage et s'échouent sur une île déserte. Jusque là, fastoche, classique. Mais attention, tout ce petit monde n'est pas une seule seconde paniqué par le naufrage, l'isolement (qui pourrait bien être un exil à vie) car... Wiki est là. Partant de là, pourquoi s'inquiéter ?
Wiki sait faire un radeau pour récupérer sur le bateau des milliers d'objets tous utiles.
Wiki pense que c'est la volonté de Dieu s'ils ont fait naufrage et que, par conséquent, il ne peut en résulter que du bon, alors "ma bonne femme, pas la peine de paniquer, rends plutôt grâce".
Wiki connaît toutes les espèces animales, végétales et minérales connues de l'homme en 1812.
Wiki sait faire pousser toutes sortes de plantes, légumes et céréales donc c'est plutôt cool.
Wiki s'empresse d'armer ses quatre fistons (dont l'aîné a quatorze ans) et se félicite de les voir si bien tuer tout ce qui bouge, même sans nécessité.
Wiki s'empresse de mettre Maman Robinson d'astreinte devant la marmite.
Wiki n'oublie pas de dire sa prière trois fois par jour et malheur à celui de ses fils qui oublierait de réciter la sienne.
Wiki sait où trouver du miel, des homards et même des truffes... bref, de quoi se faire un bon gueuleton autour du feu de camp, la vie est belle, non ?
Bon, inutile d'en dire plus, vous aurez compris que ce trop long récit ne m'a pas captivée et a représenté pour moi une somme colossale d'ennui et de morale dans une succession monotone de phrases au ton suranné, sans surprise, horripilantes.
Nul doute que ce roman avait une vocation encyclopédique et pédagogique sauf qu'en ce qui me concerne, aujourd'hui, pour tout ça, j'ai... Wiki.