Le Roi Lear par Cinemaniaque
Quel splendide exemple du style de Shakespeare que ce Roi Lear : trahisons, rivalités, souffle épique et tragédie quasi antique... Il n'y a pas un temps de pause, pas un moment perdu dans ce monument théâtral, décomposé en une histoire principale et une annexe qui, évidemment, renforce la première.
Certes, l'écriture n'est pas toujours des plus légères, et la complexité de l'histoire alliée au nombre de personnages peut perdre un peu le lecteur inattentif. Et pourtant : qui passera outre ses considérations finalement minimes découvrira un vrai chef-d'oeuvre, tremplin formidable pour les acteurs en quête de personnages forts mais aussi petit récit qui se lit aussi bien seul, comme un roman.
Surtout, le Roi Lear évoque à sa lecture une certaine forme de puissance narrative rare, authentique et entière, se dirigeant invariablement vers une conclusion tragique sans jamais se détourner de son objectif : le suspens, chez Shakespeare, n'a de prétention que de renforcer la fin malheureuse qui laisse le lecteur/spectateur k.o., abasourdi par tant de morts et de destins brisés au nom de ce mal que l'auteur anglais a su dessiner avec talent : la vanité. Au-delà d'un grand dramaturge, Shakespeare était sans conteste un formidable sociologue doué pour les métaphores.