Je ne suis pas arrivé à lire cette pièce de Shakespeare sans penser sans arrêt à la transposition qu'en avait faite l'immense Akira Kurosawa dans le Japon médiéval pour une de ses plus grandes oeuvres "Ran". Pour tout dire, j'avais continuellement le thème musical, magnifiquement hanté, du film dans la tête. Les seules différences majeures entre la pièce d'origine et l’œuvre cinématographique résident dans le changement de pays et dans le fait que les trois filles ont été remplacées par trois garçons.
Mais "Ran" ou pas... cela ne m'a pas empêché de trouver cette pièce très puissante. La douleur d'un père quand il s'aperçoit qu'il est trahi et rejeté par ses deux filles aînées et qu'il a abandonné sa cadette, la seule qu'il l'aime sincèrement, est superbement retranscrite. En parallèle, on a le droit à une autre intrigue toute aussi passionnante où un bâtard complote contre son duc de père et son demi-frère, de naissance légitime, pour devenir calife à la place du calife ; les deux histoires finiront bien évidemment par se joindre. Le charisme incroyable des personnages apporte aussi largement sa pierre à l'édifice.
Beaucoup de spécialistes et d'admirateurs de Shakespeare considèrent cette œuvre comme la grande de cet auteur mythique. Je n'ai nullement envie de leur donner tort bien que je suis très loin d'avoir lu toutes ses pièces.
"C'est le malheur du temps que les fous guident les aveugles."
"Des mouches dans la main d'un enfant espiègle
Voilà ce que nous sommes pour les dieux
Ils nous tuent pour se divertir."