"Tu vas mourir dans une heure et demi"
"Tu vas mourir à la fin du spectacle"
Nous sommes donc fixés, le roi se meurt.
Mais le roi n'a pas le moins du monde envie de mourir. Il ne s'y est pas du tout préparé. Que faire alors quand un médecin lui assène la terrible vérité ? Sans doute aurait-il du, comme le lui avait recommandé Marguerite, sa première épouse, se préparer lentement mais efficacement à ce moment.
Ça ne l'intéressait pas, il avait le temps. Le roi a bien vécu, il a mené guerre sur guerre, gagné des batailles et profité de la vie aux côtés de Marie, sa seconde épouse, en flânant de bals en bals.
Au fil des pages, on voit un roi d'abord fort qui, confronté à l'annonce de sa mort, commence à s'affaiblir. On assiste aux chamailleries des deux reines. Marguerite pragmatique un brun froide essaie de résigner le roi tandis que Marie, désespérée, refuse comme lui d'accepter la vérité. Les limites du royaume se resserrent, les murs du château se fissurent. Le roi fait tomber sa couronne, n'arrive plus à mettre ses pantoufles et l'armée se paralyse. Juliette la bonne n'arrive plus à nettoyer les toiles d'araignées tandis que le garde clame de plus en plus souvent que "le roi se meurt". On y arrive.
Au cours de cette pièce Ionesco file les métaphores. C'est grotesque, burlesque, on rit beaucoup même si finalement on comprend quand même un petit peu se roi qui a envie de "redoubler", de passer son tour.
Bref, une pièce très plaisante à lire et qui m'a vraiment donné envie de voir l'adaptation théâtrale.