Oui, vous avez bien lu, le Roi se Meurt.
Son royaume, ou ce qu'il en reste, n'est plus que poussière et ses derniers sujets sont avec lui pour l'accompagner jusqu'à la fin de sa vie.
Ionesco, avec un humour dont il a seul le secret, dépeint alors la conversation intérieure qui s'anime dans l'esprit de ce Roi condamné à rejoindre la Mort, accompagné de son Garde, de sa femme de ménage, de son médecin et de ses deux femmes.
"Je mourrai, oui, je mourrai. Dans quarante ans, dans cinquante ans, dans trois cents ans. Plus tard. Quand je voudrai, quand j'aurai le temps, quand je déciderai."
La question de la mort est donc au centre de cette pièce de théâtre dépourvue d'actes, et face à ce Roi en perdition existentielle, nous sommes alors libres de s'interroger sur comment affronter la venue de cette entité qui accompagne l'Homme depuis sa naissance. Le Roi, figure sans visage, est ainsi amené à passer par différentes étapes clés du deuil : d'abord en plein déni, il exulte ensuite de rage face à son impuissance à faire cesser le tic-tac de sa vie, pour enfin se résigner à accepter l'inéluctable.
Tel le mortel qu'il est, il va alors philosopher, délirer, perdre sa mémoire, revenir à lui, chuter, se relever, chuter, se relever encore...
Toute une symphonie de la vie se joue dans cette sublime pièce, dont la réflexion autour du caractère éphémère de l'existence est touchante de justesse et d'universalité.
Ionesco nous fait ainsi osciller entre larmes et rires face à un événement que nous vivrons tous à un moment de notre marche vers la vieillesse, et offre l'une des plus belle pièce que j'ai pu lire.