C'est lui le roi.
« Le roi vient quand il veut » est un recueil de trente entretiens avec Pierre Michon réalisés entre 1989 (cinq ans après la parution de Vies minuscules) et 2007, et publié en 2007. Il y parle de...
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le 24 mars 2012
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« Le roi vient quand il veut » est un recueil de trente entretiens avec Pierre Michon réalisés entre 1989 (cinq ans après la parution de Vies minuscules) et 2007, et publié en 2007.
Il y parle de ses œuvres, de son rapport à l'écriture et au texte et de quelques uns des auteurs qu'il aime, avec en particulier un entretien magnifique sur Madame Bovary.
Les mots qui peuvent être écrits sur ce recueil seront forcément faibles face à l'intensité des propos de Pierre Michon. Je me contenterai donc d'en citer des extraits autour de quelques thèmes de ce recueil extraordinaire.
La dimension sacralisée qu'il attribue à la fois à l'écriture et à la littérature.
« Pour que l'écrivain soit au meilleur de lui-même, il faut que le texte soit dédié au plus haut, à un plus haut qui soit Autre. »
« Écrivant, je pense toujours au mythe de la résurrection des corps dans le christianisme ... pour changer leur viande morte en texte, leur échec en or. »
La croyance que les plus grandes oeuvres sont celles qui sont opaques, quelque chose que nous connaissons sans pour autant le comprendre ; Pierre Michon fait notamment référence à première fois qu'il a entendu le début de Salammbô, "un miracle de brutalité et de désir."
« Dans mon idée, un texte littéraire est une chose intouchable : quelque chose comme une totalité close sur elle-même, une réalité autoréférée, entièrement cadenassée, fermée peut-être sur son autisme, mais qui vit dans sa propre clarté. Une statue. »
« Il faut continuer à apprendre à l'école des choses qu'on ne comprend pas. »
L'ambivalence - l'extrême entre la hauteur de la littérature et la petitesse de l'homme, mais aussi l'adoration de la littérature tout en sachant qu'elle est une falsification.
« A partir du moment où la littérature s'est constituée comme une fin en soi, sans Dieu, sans justification extérieure, sans idéologie qui la soutienne ... tout écrivain a été un imposteur, puisqu'il ne pouvait s'autoriser que de lui-même. Mais c'est aussi ce qui fait la force de la littérature depuis ces gens-là. »
Sur la façon dont il écrit : l'attente ou la panne pendant des mois, un sujet et la documentation extensive comme soubassement de l'écriture, les carnets comme accompagnement à l' écriture, zone de stockage des idées, et enfin un appel et le jaillissement de l'écriture.
« Je sais comment on construit le tremplin, l'énorme tremplin pour un texte minuscule.»
« ... ce que je demande à la littérature est que la rédaction d'un texte soit une fabuleuse dépense d'énergie, aveugle mais très consciente, pleurante et riante, limitée dans le temps, comme la copulation », mais cette brièveté est « informée de tout ce qui a été pensé et dit depuis qu'il y a des hommes. »
« J'aime qu'un texte me paraisse donné au moment où il advient. »
Et enfin le texte qui n'est jamais fini mais qui peut être publié quand « il ne fait plus partie de moi, qu'il s'est détaché de moi, qu'il est devenu un objet anonyme. »
« Les œuvres sont les preuves de la grâce, mais sans grâce, pas d'œuvre. »
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le 24 mars 2012
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