Difficile d’évoquer "le Roman politique" sans évoquer les « notes et commentaires » des éditions Tristram, qui occupent les trois-cinquièmes du volume. Bien sûr, cette satire est longtemps restée dans l’ombre de "Vie et Opinions de Tristram Shandy, gentilhomme", œuvre maîtresse de Sterne ; bien sûr, le travail de traduction de Guy Jouvet est admirable ; bien sûr, tout lecteur de « roman à clé » — et peut-être de tout classique aussi culturellement éloigné de nous que l’est "le Roman politique" — est susceptible de trouver son profit dans des notes explicatives. Le hic, c’est que la critique finit ici par envahir le texte qu’elle est censée servir, trop éloignée de lui dans l’esprit pour en faire partie intégrante — contrairement, par exemple, au "Docteur Faustroll" de Jarry tel que le Collège de ’Pataphysique l’a annoté aux éditions de La Différence.
Lire le texte de Sterne en se rapportant aux notes au fur et à mesure de la lecture devient vite fastidieux. Mais alors, pourquoi ne pas avoir fait de ces notes une simple pré- ou postface, qui n’aurait de toute façon pas été plus redondante ni plus bordélique qu’elles ? On y trouve trop d’allusions et de redites pour donner une critique réellement éclairante, on n’y trouve pas assez de qualité littéraire et de détachement pour aboutir à l’une de ces critiques qui cernent l’œuvre sans la tuer et sont parfois plus intéressantes que leur hôte.
Pour en revenir au texte de Sterne, il s’agit d’un court roman à clé qui finit par se parodier lui-même. On y trouvera de l’intérêt pour peu qu’on s’intéresse à "Tristram Shandy", dont la tonalité générale assez proche mais au souffle littéraire incomparablement plus puissant. Un genre de petit apéritif sur le pouce à la veille d’une grande fête.
Alcofribas
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le 5 févr. 2015

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