Le Rouge et le Noir est un roman d'apprentissage satirique puis politique. Le personnage de Julien Sorel est inscrit dans son époque : fils de paysan, orgueilleux, passionné et énergique il se révolte contre sa condition, il incarne les hésitations du 19ème siècle entre république et monarchie. Sans oublier que Julien est un jeune homme pourvu de grandes qualités intellectuelles et sentimentales, malheureusement il est prisonnier de l'arrogance puis de l'inconstance. Julien vit à Verrières une ville reculée qui symbolise la médiocrité. Mais ce qu'il y a d'intéressant dans ce roman ce sont les stratagèmes mis en place par Julien pour conquérir le cœur de sa bien aimée Mme de Rênal, en effet, Julien n'agit pas par spontanéité, il veut prendre sa revanche sur sa condition en saisissant les chances, les opportunités, c'est ce qu'il fait lorsqu'il essaie notamment de séduire la timide dame. Julien, par son énergie, par son impulsivité et à cause des différents sentiments qu'il finit par éprouver échappe cependant au manichéisme, autrement dit, il n'est ni gentil ni méchant.
Toutefois Stendhal se moque du romantisme malsain de Julien puis de sa stupidité ainsi que de ses ambitions et impulsions. J’aime cet univers historique, politique là où le romantisme est encore présent. C'est un roman complexe qui commence par une histoire d'amour, elle paraissait malsaine, puis, elle devient entre les deux amants progressivement très belle. Ce roman sent la rose, mais, il n'est pas du tout ennuyeux, pompeux, il est porté par la complexité des personnages qui ne sont ni blancs ni noirs, ils sont rouges et noirs et nous avons accès à leur intimité. Ils réfléchissent, ils agissent. Julien le jeune paysan est différent, il devient ensuite un noble parisien. Il semble avoir beaucoup d'ambition, il recherche l'ascension, la gloire, le pouvoir… Malgré ces choses négatives le roman m'attire. Quant à la marquise Mathilde la nouvelle amante de Julien elle est superbe mais insupportable symbolisant l'hypocrisie, la fourberie de la noblesse. Heureusement le style de Stendhal dans ce livre est très fluide, il s'agit d'un roman d’apprentissage, d'un roman à l'eau de rose dont on peut faire l'overdose, il s'agit notamment d'un ouvrage historique et politique.
De même, l'obscurité, la folie du Rouge et le Noir n'a jamais été autant mis en avant que durant ces monologues intérieurs des prisonniers solitaires où règne le mystère. Cette œuvre de Stendhal n'est pas très agréable à lire, les personnages sont méchants, arrogants. Mais ce roman fait preuve d’une grande modernité dans son époque et Stendhal possède une lucidité qui lui est propre.