Publié sur L'Homme Qui Lit :
J’avais pourtant promis de ne pas me laisser tenter par des romans parlant d’apocalypse cette année, craignant que la pandémie de COVID ne dégouline encore pendant des années dans de nombreux romans, et on peut dire que comme toute la planète, j’en ai soupé. Et puis bon, je suis un être faible, d’abord, et j’ai songé que les sorties de la rentrée littéraire seraient préservées puisque probablement écrites depuis des mois, et gardées précieusement sous le coude pour l’évènement, voire peut-être même victimes bienheureuses d’une sortie repoussée pour cause de confinement. Bref, j’avais dit non, mais j’ai débuté Le Sanctuaire après l’avoir vu passer un peu partout dans mes réseaux sociaux.
Pour résumer brièvement l’histoire, c’est une famille qui vit dans la montagne, il y a des bois, une ancienne mine de sel, des oiseaux qui tournent dans le ciel comme autant de dangers, et puis la mort, qui rôde et qui pèse. La mort de la vie sur terre, qu’on devine ou qu’on veut imaginer, la mort pour survivre, parce qu’il faut chasser pour se nourrir, la mort si les oiseaux nous contaminent, parce qu’on comprend qu’ils sont porteurs de quelques malheurs dont il faut rester à l’écart. Dans cette famille, il y a une mère effacée qui se cantonne à des tâches ménagères et qui essaie d’insuffler un peu de vie et d’amour à ses deux filles, Gemma et June, que leur père étouffe de son aridité sentimentale.
Il faut survivre, et pour pousser ses filles à y parvenir, surtout Gemma, la petite dernière, la préférée, il ne recule devant rien. C’est raide, c’est violent, à l’image de l’écriture de Laurine Roux qui est rêche et cinglante. Ça n’est pas un reproche, c’est bien même d’avoir un style différent, mais je préfère me repaître dans les écritures rondes, les phrases mélodieuses qui me bercent et pour lesquelles je prends plaisir à les lire à voix haute. Le roman est vite lu, je ne suis pas certain d’avoir tout compris à la fin, aux enjeux, mais j’ai aimé cette ambiance particulière. Et fun fact, pour la maison et le paysage j’ai repris les décors que je m’étais imaginé dans Et toujours les forêts, de Sandrine Collette.
Le Sanctuaire, de Laurine Roux, est publié le 13 août 2020 aux Éditions du Sonneur.