Un Chattam comme un autre

Au moment d'attaquer ce thriller historique de Maxime Chattam, je voulais une lecture qui se dévorerait en quelques jours à peine, et qui me tiendrait en haleine jusqu'à la fin (pour bien changer de l'ambiance d'Hypérion). Eh bien, autant vous dire que c'est plutôt réussi.

L'auteur nous livre ici une histoire avec 2 trames narratives : d'une part on suit Marion, qui est obligée de se réfugier au Mont-Saint-Michel suite à un scandale qu'elle a déclenché à Paris (mystère mystère). De l'autre on va suivre le récit de Jérémy Matheson, un détective qui a vécu au Caire en 1928 et qui a consigné une enquête particulièrement sordide dans son journal intime, journal que Marion va retrouver et lire durant son séjour.

J'ai trouvé nettement plus passionnant l'histoire que raconte Jérémy car on a le droit à une enquête rondement menée et haletante, avec des détails glauques et des scènes d'actions efficaces, bref : la recette parfaite du thriller. L'histoire de Marion est plus monotone et m'a moins captivé, il faut le dire.

Ce récit a surtout permis de confirmer ce qui marchait avec moi chez Maxime Chattam, et ce qui ne marchait pas, dans ces thrillers purs et durs.
Les deux points positifs sont ceux cités plus-haut : l'intrigue, la narration et le rythme de ce récit m'ont permis de le dévorer en à peine 3 jours. C'est ce que je cherchais à ce moment là et le livre a parfaitement tenu son rôle de page-turner. Rien que pour ça, mon appréciation n'en est que meilleur.
Puis l'enquête en elle-même contient sa part d'originalité, par le lieu et l'époque, et encore une fois on sent que l'auteur s'est fortement renseigné avant d'aborder son roman. Je trouve également que les aspects fantastiques que Chattam incorpore dans ces thrillers marchent très bien, et que cela rajoute de l'originalité déjà présente de l'enquête.

Cependant, j'ai aussi pu remarquer certains défauts que je trouve redondant chez l'auteur.
Un exemple flagrant pour moi est que je n'arrive pas à m'attacher aux personnages féminins que l'auteur nous décrit. Et je pense que la raison est simple : Maxime Chattam n'arrive pas à se mettre dans la peau d'une femme, quand il faut la faire parler ou pour décrire les événements de son point de vue. Cela m'a convaincu dans ce récit : je n'étais absolument pas attaché à Marion, et certains des dialogues incluant uniquement des personnages féminins me semblaient bâtis sur des clichés. Il y a des auteurs qui ne peuvent pas faire parler leurs personnages du sexe opposé aux leurs, et je pense que Maxime Chattam en fait partie. Ce n'est pas grave, mais cela me permet de mieux appréhender mes prochaines lectures de celui-ci.

Enfin, last but not least, la fin du récit. Je ne peux pas trop en parler au risque de spoil, mais je n'ai pas totalement adhérer à la fin. Autant les twists finaux étaient intéressants et le fait que l'auteur nous redirige vers son site après les résolutions amplifie l'expérience de lecture, autant la conclusion finale de toute cette histoire ne m'a pas plus. Que ce soit du côté de Marion ou de Jeremy : l'auteur prétexte un sujet et une thématique qu'il abordera plus tard dans d'autres livres, mais qui pour moi permet simplement de ne pas diviser les lecteurs en ne livrant que partiellement la....Mince je ne peux pas le dire.
C'est une jolie esquive de sa part, mais une esquive quand même.

Je n'ai rien à dire au final, "Le Sang du Temps" m'a livré ce que je voulais : un thriller historique haletant, efficace avec des éléments originaux, et sans prise de tête. C'est ce que je cherchais, et je l'ai eu. Ce récit ne me marquera pas plus que ça, mais si vous cherchez un thriller historique facile avec des petits éléments glauque, allez-y. Chattam sait y faire.