Le Sang du temps par Samskeyti
Mon avis n'est pas à lire si on ne veut pas savoir l'issue, je ne saurais la cacher.
Après une longue pause j'ai décidé de me remettre à du Chattam, j'ai pris celui-ci sur ma PAL car c'était celui ayant le moins de pages mais malheureusement aussi celui qui me disait le moins... Quelle bêtise, j'aurais aimé pouvoir écrire des résumés rendant mieux justice aux livres !
J'ai été ravie du choix de délaisser l'histoire de l'héroïne (les grands complots de ce monde ne m'intéressent guère) pour se focaliser sur le récit de cet anglais vivant au Caire et qui a consigné l'enquête qu'il a menée en 1928 dans un journal.
J'ai eu du mal à palpiter d'excitation dès le début, un peu lent au démarrage mais finalement on se retrouve dans la même situation que Marion, à suivre le développement avec intérêt.
A un certain moment, je me suis dit "Pourquoi pas Jeremy ? Ca ferait un bon rebondissement" mais j'ai trouvé cette idée peu subtile au final car partant d'un journal intime retraçant une enquête, le parallèle avec "Le Meurtre de Roger Ackroyd" d'Agatha Christie serait au final trop lourd à porter. Puis cette dernière est venue en référence dans le récit... De quoi asseoir mes simples présomptions initiales.
Cette clairvoyance (utilisons les grands mots, mon égo est en demande) ne m'a pourtant rien gâché de la lecture parce qu'il y avait toute cette partie manquante où on avait envie d'être tenus par la main et qu'on nous dise "tu comprends mieux que là quand il disait ça [...]", "c'est pour ça que [...]" et ainsi reconstituer le puzzle dans son intégralité.
A noter que Maxime Chattam a une manière plus palpitante de conter les histoires, pas de pertes dans des détails futiles faisant oublier jusqu'aux noms des personnages et l'histoire en elle-même, en cela il surclasse à tous les niveaux Agatha Christie à mes yeux. De plus, le journal intime nous étant en quelques sortes retranscrits au travers de Marion, il y a un filtre qui fait qu'on n'a pas la narration de l'histoire à la première personne mais elle nous est contée comme celle de Marion. Le risque était donc moindre de se perdre/de faillir, c'était au final plus facile pour Chattam mais ça servait sans doute au mieux le livre donc aucune honte à avoir.
Tout du long - pour ma part - le personnage de Jeremy Matheson était difficile à cerner. Ayant lu d'autres livres de cet auteur je ne retrouvais pas cette part humaine dans le personnage qu'on suit. A la mort de son coéquipier arabe je me disais "putain mais limite s'il n'en a rien à foutre", il continue son enquête mais sans plus se formaliser de la scène d'Azim avec un pieu enfoncé par son derrière qu'on a fait remonté jusque son abdomen. Alors oui, les autres victimes étaient des enfants et peut-être que ça a plus su susciter des émotions en lui mais je trouvais un peu fort cette absence totale d'émotions. Sans compter qu'étant un journal intime, il n'aurait pas manqué de dévoiler tout sa peine et sa rage, voire même sa culpabilité d'être arrivé trop tard. Mais là rien. Mais bon, si ce que Joe à la fin raconte, tout prend un sens.
Et c'est tout un tas de petits détails comme ça que je prenais pour de la paresse de l'auteur ne voulant pas se perdre dans ces choses qui à la fin ont parfaitement collés avec la vérité dévoilée.
Pour la fin toute en ambiguïté, elle m'énerve hautement parce que je trouve que ce sont de petites techniques de dernière minute pour épicer l'histoire futiles et en même temps je me dis "Allez, pourquoi pas ?". Donc ça va, je soigne mon envie d'avoir une fin complètement sûre sans laisser de portes ouvertes. Au vue des explications de fin de Georges (Joe) sur la culpabilité de Jeremy, qu'il en aille autrement serait du n'importe quoi. La culpabilité de Keoraz senior est juste ridicule et ses motivations seraient bien bancales si tel était le cas.
Je ne sais pas si pour certains la présence de Marion s'est révélée quasiment inutile mais pour ma part je trouve que c'était une jolie manière bien trouvée d'introduire cette histoire.
J'avais tellement de peine pour ce qu'il ressentait toujours pour Jezabel, cette faiblesse.